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Médicaments

Conduire et prendre des médicaments, un cocktail parfois dangereux. Quels sont les médicaments qui peuvent influencer la conduite? Guide pratique.

Vous savez que l'alcool et les drogues constituent de véritables dangers lorsque vous prenez le volant. Mais les médicaments? A priori, peu d’entre nous semblent connaître le problème, qui prend pourtant de plus en plus d'ampleur. Saviez-vous que conduire sous l’influence de certains médicaments peut multiplier le risque d’accident par 5?

Quels sont les médicaments susceptibles d'altérer vos capacités de conduite?

Groupe de médicaments  Traitement de
hypnotiques troubles du sommeil
tranquillisants anxiété
antidépresseurs dépression
neuroleptiques troubles psychiques
antiépileptiques épilepsie
antihistaminiques allergies, mal du voyage
bêta bloquants hypertension
antitussifs toux
analgésiques douleurs intenses
stimulants fatigues
anorexigènes excès de poids
insuline, antidiabétiques oraux diabète
pommades et gouttes ophtalmiques problèmes oculaires

En 2011, le projet européen DRUID avait soumis des conducteurs de 13 pays européens à des tests. La Belgique était le pays où les chercheurs ont trouvé le plus de conducteurs sous influence de médicaments. 

Chez nous, l'étude la plus récente en la matière nous vient de VIAS - réalisée en 2019. Il en résulte que:

  • les somnifères et tranquillisants, ainsi que les antalgiques forts, induisent notamment la somnolence, la distraction, une baisse de la coordination et une réduction des capacités de réaction.
  • Leur consommation peut multiplier le risque d’accident par 2 à 10, soit un effet comparable à une alcoolémie entre 0,5 et 0,8‰.
  • Pire encore, la consommation combinée de médicaments et d’alcool, le risque est alors de 20 à 200 fois plus élevé !
  • Plus de 6% des Belges avouent conduire au moins une fois par mois sous l’influence de calmants ou de somnifères.
  • Contrairement aux idées reçues, les jeunes de moins de 35 ans (13%) et, plus particulièrement, les jeunes hommes (18%) sont beaucoup plus concernés par cette problématique que les plus de 55 ans (2%).
  • La conduite sous l’influence de ces médicaments est plus répandue à Bruxelles (10%) et en Wallonie (8%) qu’en Flandre (5%).

 

Quels sont les effets des médicaments sur la conduite?

La plupart des médicaments efficaces contre la douleur, la fièvre ou la toux exercent un effet sédatif (calmant) qui peut entraîner de la somnolence, vous rendre moins attentif et diminuer sérieusement vos réflexes.

Certains médicaments peuvent altérer vos capacités de jugement en vous rendant euphorique, voire agressif et en vous faisant perdre le sens du danger. Enfin, d'autres s'accompagnent de troubles de la vue ou de la coordination, ou encore peuvent provoquer des vertiges, une sensation de faiblesse et des étourdissements.

Les psychotropes - benzodiazépines et antidépresseurs - et les hypnotiques - pour soigner les troubles du sommeil - appartiennent aux groupes de médicaments pouvant provoquer les effets secondaires les plus importants.

 

Que faire si vous êtes automobiliste et prenez ces médicaments?

Vous savez maintenant à quel point la prise de certains médicaments peut affecter vos facultés de conduite. Pour éviter les problèmes, mettez toutes les chances de votre côté et renseignez-vous soigneusement: 

  • Premier conseiller, le plus important: votre médecin. C'est lui qui devra vous expliquer les effets secondaires et le lien avec la conduite d'un véhicule.
  • Second niveau de conseil, le pharmacien. Ici aussi, ce professionnel de la santé pourra - devra - vous avertir des conséquences liées à la prise de ces médicaments. 
  • Certains médicaments n'ont pas besoin de prescriptions médicales, c'est donc également votre pharmacien qui vous conseillera.
  • Dans tous les cas, consultez la notice d'utilisation.
  • Enfin, dans la mesure du possible, évitez l'automédication!

 

Gare aux amendes! 

Lorsque les médicaments modifient votre comportement, vous pouvez vous retrouver dans ce que la loi définit comme "un état analogue (à l'état d'ivresse) résultant notamment de l'emploi de drogues ou de médicaments". En cas de contrôle, c’est ce que le policier vérifiera. 

En général, il vérifiera la possible intoxication alcoolique en faisant souffler dans un éthylomètre. Autre étape éventuelle, le test salivaire pour la détection de drogue. Mais les médicaments?

Comme nous le confirme Fiorella Toro, directrice du département politique criminelle auprès de l'AWSR - Agence Wallonne de la Sécurité routière - un test salivaire pour la détection de certains médicaments existe. "Ce test permet la détection d’une absorption récente de benzodiazépines. C'est un outil de mesure intéressant pour appréhender le phénomène, l’étudier, le contrôler et éventuellement le sanctionner. En Allemagne, c'est déjà le cas. Nous souhaitons que ce dispositif soit d'application chez nous mais il faudra qu'il soit dûment homologué et que la loi soit adaptée. Quoi qu'il en soit, nous voulons insister sur le rôle prépondérant des médecins et des pharmacies, passeurs d'informations vis-à-vis des patients. La prise de conscience de ce phénomène de société est aussi un élément essentiel de la prévention."

Rappelons que la conduite dans un état analogue à l’ivresse résultant de la prise de médicaments est punissable d’une amende pouvant aller de 1.600 € à 16.000 € ainsi que d’une déchéance du droit de conduire de un mois à cinq ans, voire définitive.

 

Quelques précieux conseils:

  • Lisez attentivement la notice d'utilisation et, en particulier, les contre-indications en cas de conduite d'un véhicule.
  • Prenez toujours les doses prescrites et respectez les heures et les conditions de prise.
  • En cas de doute sur les effets secondaires, n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou votre pharmacien. Signalez-leur que vous conduisez.
  • Soyez attentif en début de traitement, en cas de dépassement de la dose autorisée ou si vous combinez plusieurs médicaments.
  • L'alcool renforce les effets indésirables des médicaments. Évitez la consommation d'alcool, même de manière modérée.
  • Arrêtez de conduire si vous constatez des effets secondaires.
  • Préférez la conduite de jour à celle de nuit.
  • Évitez d'entreprendre de longs trajets.
  • Si vous êtes un professionnel de la route (chauffeur de camion, de bus…) ou que vous utilisez votre voiture plusieurs heures par jour, rappelez-le à votre médecin lorsqu'il vous prescrit des médicaments.