Touring: le couloir de secours dans un embouteillage est encore trop ignoré

"Il y a deux ans, la voie dite de secours a été introduite dans notre code de la route. Il s'agit de l'espace que les conducteurs de véhicules doivent libérer sur les routes comportant deux voies* ou plus dans chaque direction. En cas d'embouteillage ou de ralentissement de la circulation, les conducteurs de la voie de gauche doivent rester le plus près possible de la berme centrale et les autres le plus à droite possible**. Cela, afin de créer une voie libre pour les services d'urgence. C'est l'organisation de mobilité Touring qui a lancé cette proposition il y a plusieurs années. Mais une enquête de Touring démontre que le principe n’a toujours pas été adopté et que presque les conducteurs n’ont pas le réflexe de s’écarter spontanément. "Après deux ans, une évaluation s'impose ".

"Auparavant, lorsqu'ils entendaient la sirène et apercevaient les gyrophares d’un véhicule de secours, les automobilistes réagissent parfois dans la panique et faisaient toutes sortes de manœuvres pour libérer le passage, avec pour conséquence des blocages et des situations complexes freinant considérablement les services d’urgences. Il est vrai que si le code de la route  précisait qu’il fallait donner la priorité et céder le passage, le « comment faire » n’y était pas clairement défini."  

Ne faudrait-il pas rappeler la règle du couloir de secours ?

"Depuis deux ans, afin de remédier à ces éventuels problèmes de chaos, non seulement l’obligation de céder la priorité et de laisser le passage reste de mise en cas de ralentissement ou d’embouteillage, maistous les usagers de la route doivent aussi obligatoirement et en permanence libérer une voie de passage et ce, même si aucun véhicule de secours n’approche. Ils maintiennent ainsi un espace libre à tout moment dès que le trafic est à l’arrêt ou presque. Ainsi, lorsque le trafic est dense ou à l’arrêt, le code de la route précise que sur une chaussée comportant deux bandes de circulation - ou plus - dans le même sens, les conducteurs qui circulent sur la bande de gauche serrent à gauche tandis que ceux qui circulent sur les autres bandes serrent à droite, de manière à créer un couloir de secours entre la bande de gauche et les autres. Celui-ci permettant à tous moments une circulation ininterrompue des services de secours. Ce principe est déjà en vigueur depuis plusieurs années et avec succès en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Cette règle sera d’autant plus performante pour les services de secours si elle est suivie par tous les usagers, sans exception."

"Malgré les campagnes d'information déjà menées par les autorités, il y a probablement encore beaucoup d'usagers qui ne sont pas au courant de cette nouvelle réglementation. La police devrait-elle procéder à plus de contrôles*** ? C'est loin d'être si simple, car il ne s'agit souvent pas d'un seul fautif mais d’une série de véhicules en file indienne. Une amende infligée à un ou plusieurs usagers de la route serait perçue comme injuste par les contrevenants."

Touring demande également que le gouvernement surveille et évalue désormais de près l'état des routes. Il y a forcément des routes où il est impossible de libérer un couloir de secours parce qu'elles ne sont tout simplement pas assez larges. Les tunnels de la petite ceinture à Bruxelles en sont un bon exemple : de fréquents rappels de la règle du couloir de secours s’affichent sur les panneaux dynamiques, alors que l'espace y est insuffisant pour le faire. La question reste donc de savoir ce qu'il faut faire. "La sensibilisation reste nécessaire avec une signalisation sur la chaussée ou sur les panneaux. Ce qui est important ici, c'est que les pays étrangers soient également informés de la mesure, car la Belgique est un pays de transit, par lequel passe une grande partie du trafic étranger. Et enfin, le principe du couloir de secours devrait également être évoqué tout au long des formations pour l’obtention du permis de conduire."  

 

 

* Sur toutes les autres routes, le principe de base est d’application : libérer le passage dès que vous entendez la sirène des services d'urgence.

** En principe, il est interdit de circuler sur la bande d’arrêt d’urgence, mais ce n'est pas précisé en toutes lettres dans la nouvelle réglementation, et souvent les gens le font. Donc la nécessité ne connaît pas de loi dans ce cas-ci. La bande de bus ou une voie fermée aux heures de pointe ne peut être utilisée à cette fin. Toutefois, les motocyclistes peuvent emprunter le couloir de secours pour remonter les files, mais en respectant les règles déjà en vigueur (maximum 50 km/h et avec une différence de maximum 20 km/h par rapport aux autres véhicules). Vous devez par contre céder le passage aux véhicules prioritaires qui arrivent par l’arrière.

*** Si vous ne vous rabattez pas sur le côté en cas d’embouteillage, vous commettez une infraction du 1er degré et risquez une amende de € 58.

Si vous empêchez le passage d’un véhicule prioritaire qui utilise sa sirène, vous commettez une infraction du 3ème degré et vous risquez une amende de € 174.