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Une carte rouge au contrôle technique à cause d'un filtre à particules encrassé? Vous avez maintenant 12 mois pour le faire réparer.

Depuis le 1er juillet 2022, les véhicules diesel font l'objet d'un contrôle technique plus sévère au niveau des gaz d'échappement. Et du filtre à particules en particulier. Si c'est une bonne chose pour la santé publique, ces normes très strictes peuvent aussi entraîner de lourdes conséquences pour les propriétaires d'un véhicule défaillant. Touring a demandé et obtenu une période de sursis. Explications.

filtre à particules
Beaucoup de filtres sont défaillants ou carrément enlevés par des automobilistes peu scrupuleux...


Une étude européenne a fait apparaître que la majorité des voitures au diesel circule avec un filtre à particules défaillant. L’Union européenne a par conséquent décidé que les véhicules seraient soumis au test du compteur de particules. La Belgique a été l'une des premières, avec les Pays-Bas, à donner l’exemple. Cette mesure est entrée en vigueur le 1er juillet 2022 et c'est là que les soucis, pour les automobilistes, ont commencé.


Mauvaise surprise

Voilà des mois que nombre de nos membres nous alertent. Ainsi ce mail, par exemple. "Ma voiture a reçu une carte rouge au contrôle technique à cause du nouveau test des gaz d'échappement. Elle doit être représentée dans les 3 mois. Je suis retourné chez mon garagiste qui m'a dit que le filtre à particules est hors d'usage et qu'il faut le remplacer. Or cela coûte plus de 1.000 euros, rien que pour la pièce! Ma voiture n'est pas âgée, elle a moins de 100.000 km et est correctement entretenue depuis que je l'ai achetée... Que dois-je faire?"

Ceci n'est qu'un cas parmi d'autres avec, parfois, des aberrations liées au manque de pièces de rechange ou aux retards de livraison. L'automobiliste souhaite changer ce fameux filtre, mais la pièce n'arrivera pas dans le temps imparti par le contrôle technique. Voilà pour la situation. Voyons comment nous en sommes arrivés là…


Qui est concerné? Pourquoi ce (nouveau) test?

Sachez que ce test antipollution plus poussé ne concerne que les moteurs diesel qui répondent aux normes Euro 5a (pour la Flandre et Bruxelles) et Euro 5b (pour la Wallonie) ainsi que les suivantes. Ces véhicules sont équipés d'un "FAP", filtre à particules. Les diesels plus anciens (Euro 4 et avant) n'en sont pas équipés. Ils ne sont donc pas concernés. Eux ne sont soumis qu'au test d'opacité des fumées qui existe depuis de nombreuses années. Un test assez sommaire qui ne tient pas compte de ces particules fines. Or, ces substances sont particulièrement nocives pour la santé et l'environnement.

Bon à savoir pour les Bruxellois et Flamands qui voudraient passer le test en Wallonie (qui ne tient pas compte des Euro 5a): c’est tout à fait possible. Mais à une condition essentielle: si le véhicule passe dans un centre wallon, il devra continuer à être contrôlé en Wallonie.

Rappelons également que ces moteurs diesel plus anciens (Euro 4 et précédents) ne peuvent plus circuler dans le centre de grandes villes belges. Ainsi de Bruxelles, Anvers ou Gand qui imposent des LEZ ou zones de basses émissions.

filtre à particules
Les LEZ, instaurées en Belgique depuis 2017.


Une nouvelle loi...

Le législateur - les 3 Régions du pays en l'occurrence - a donc voulu que les centres de contrôle technique du pays mesurent avec précision les quantités de particules émises. La règle générale, entrée en vigueur en juillet 2022, est la suivante: avec moins de 250.000 particules par centimètre cube (ppm), le véhicule reçoit une carte verte. Entre 250.000 et 1 million de particules: une carte verte, mais avec une obligation de mise en conformité dans les 2 ans. Au-delà de 1 million, c’est la carte rouge avec l'obligation de réparer (ou remplacer) le filtre en question.


... et un sursis pour tout le monde

Le problème - pour les véhicules recalés - c'est que la législation initiale prévoyait un délai de 14 jours avant la représentation au contrôle technique. C'est la norme pour les défauts techniques graves. Mais, vous l'aurez compris, ces 14 jours étaient intenables. Non seulement à cause des délais de réparation, mais aussi parce que, même avec un nouveau filtre, certaines voitures continuaient à dépasser ces normes.

Pourquoi? Par exemple à cause de fuites internes qui peuvent contaminer le filtre à particules à tel point qu'une régénération normale n'est pas possible. Un nouveau filtre à particules fonctionnera bien dans un premier temps, mais retombera en panne rapidement.

Notez aussi que selon l'industrie automobile, certains nouveaux filtres à particules ont besoin d'un rodage pour fonctionner parfaitement (environ 150 kilomètres).

Bref, les autorités ont rapidement pris conscience que ce délai de 14 jours était intenable. Dès lors, le 18 juillet dernier, les 3 Régions avançaient une période de 3 mois comme sursis. C'est là que de nombreuses associations, dont Touring, sont montées au créneau pour demander un allongement de ce sursis.

C'est la Flandre qui a embrayé en premier, le 1er décembre dernier. Il aura fallu un peu plus de temps aux deux autres Régions - Wallonie et Bruxelles- pour accéder à nos demandes, mais, aujourd'hui, c'est chose faite: tous les automobilistes belges concernés par cette affaire bénéficient de cette mesure!

filtre à particules
Un test qui cause bien des soucis!


12 mois au lieu de 3!

En clair, les véhicules recalés (carte rouge) auront désormais 12 mois pour être remis en ordre. Ceux qui étaient déjà passés au contrôle technique (et qui avaient reçu un délai de 3 mois) bénéficient également de cette mesure. Mais attention, à partir du 1er juillet 2024, ce sera un retour au texte initial. Et donc un carton rouge dès le dépassement des 250.000 particules/cm3 avec un délai de 14 jours pour une remise en conformité!

Au-delà de tous les problèmes évoqués, il semble que certaines marques soient plus concernées que d'autres. Parmi nos membres, on cite ainsi Ford ou Mercedes, mais elles ne sont pas les seules. En tout cas, la ministre wallonne, Valérie De Bue, n'hésitait pas, dans son communiqué du 12 janvier dernier, à mettre la pression sur les constructeurs. "Malgré nos interpellations auprès de la Fédération Traxio, certains constructeurs et concessionnaires ne présentent toujours pas de solution raisonnable pour réparer les véhicules non conformes. Des propriétaires se trouvent donc, du jour au lendemain, plongés dans le désarroi. Et sans solution pour remettre en conformité leur véhicule".

Cette situation est inacceptable, précise la Ministre de la Sécurité routière. Elle ajoute: "J’ai donc décidé d’étendre exceptionnellement le délai de mise en conformité à 12 mois (…). Mais j’insiste sur le fait que cet allongement du délai est exceptionnel. La pollution aux particules fines constitue un réel problème de santé publique".

La ministre flamande de la Mobilité et des Travaux publics, Lydia Peeters, ne dit pas autre chose et ajoute ceci: "Dans l'intérêt de la protection des consommateurs, cette mesure transitoire ne s'applique pas à l'inspection préalable à la vente". Une nuance qui a toute son importance car, dans ce cas précis, le véhicule sera donc refusé et à représenter pour une nouvelle inspection avant sa vente.


La réponse du secteur automobile

Du côté de Traxio, la fédération du secteur automobile et des secteurs connexes, on répond qu'une formation et une labellisation spécifiques sont mises en place. Filip Rylant, porte-parole: "C'est un sujet sur lequel nous travaillons depuis longtemps. Nous avons créé ce nouveau label baptisé Eco-Expert qui répond à ces problématiques liées à l'antipollution’".

L’Eco-Expert est un spécialiste des émissions dont le rôle est de réaliser un éco-diagnostic sur le véhicule. Il aura, à cet effet, suivi une formation certifiée, et sera en mesure de proposer des solutions destinées à rendre le véhicule plus respectueux de l’environnement. De son côté, le client final recevra un certificat d’émissions pour le véhicule contrôlé. Le label devra être renouvelé annuellement.


Pourquoi le filtre s'encrasse-t-il?

Son principe est simple. Il s'agit d'un bloc de céramique constellé de trous calibrés pour retenir les particules (issues de la combustion du diesel). Ces particules sont alors stockées pendant un certain temps. Quand il y en a trop, un capteur de pression modifie l'injection pour que du carburant finisse par brûler dans l'échappement. Cette combustion oxyde les particules, réduit leur taille, ce qui permet de "nettoyer" le filtre.

Le problème c'est que pour obtenir cette oxydation, il faut une température minimum à l'échappement. Or, si on ne fait que de la ville et/ou peu de kilomètres chaque semaine, ces conditions ne sont jamais réunies… Et le filtre s'encrasse avec une perte de puissance et un témoin qui s'allume au tableau de bord.


Un truc pour ne pas encrasser le FAP?

Avant d'aller chez le garagiste, vous pouvez tenter de résoudre vous-même ce souci. Il faut pour cela tenir le moteur à +/- 3.000 tr/min pendant un bon quart d'heure. Soit, pour un véhicule moyen à boîte manuelle, monter sur l'autoroute en 4e vitesse et tenir entre 100 et 120 km/h. Si le problème persiste, vous n'aurez d'autre choix que de vous rendre chez votre garagiste…

filtre à particules
15 minutes à 3.000 tr/min...


Pour compléter votre information:

La norme Euro selon l'âge de votre véhicule

  • Euro 1: entre le 1er janvier 1993 et le 1er juillet 1996
  • Euro 2: entre le 1er juillet 1996 et le 1er janvier 2001
  • Euro 3: entre le 1er janvier 2001 et le 1er janvier 2006
  • Euro 4: entre le 1er janvier 2006 et le 1er janvier 2011
  • Euro 5a: entre le 1er janvier 2011 et le 1er janvier 2013
  • Euro 5b: entre le 1er janvier 2013 et le 1er septembre 2015
  • Euro 6b: entre le 1er septembre 2015 et le 1er septembre 2018
  • Euro 6c: entre le 1er septembre 2018 et le 1er septembre 2019
  • Euro 6d-TEMP: entre le 1er septembre 2019 et le 1er janvier 2021
  • Euro 6d: à partir du 1er janvier 2021


Particules fines, un réel souci sanitaire

C'est aujourd'hui une évidence que personne ne conteste: la pollution atmosphérique est le plus grand risque environnemental pour la santé en Europe. Elle est une cause majeure d'effets néfastes sur la santé: par exemple, elle provoque et aggrave les maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux sont les causes les plus courantes de décès prématurés imputables à la pollution atmosphérique, suivies par les maladies pulmonaires et le cancer du poumon.

En Belgique, selon l'Agence Européenne de l'Environnement, en 2018, 8.950 décès prématurés seraient directement liés à la pollution atmosphérique!

Source: EEA, "Healthy environment, healthy lives", 2019