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Telraam toont verkeerstellingen op kaart
Une caméra intelligente pour compter le trafic dans votre rue: à quoi cela sert et comment ça marche?


Le Telraam est un ordinateur équipé d'une caméra qui compte les voitures, les cyclistes, les piétons et les poids lourds empruntant votre rue. Une invention louvaniste qui aide les administrations locales dans leur politique de mobilité. Le système part à la conquête de l'Europe.


Le Telraam est une innovation de l'organisation de mobilité Mobiel 21 et du bureau d'études Transport & Mobility Leuven (TML). Les comptages de circulation sont nécessaires pour réaliser des études de mobilité, des plans de circulation et des rapports d'effets sur la mobilité, explique Wouter Florizoone, de TML.

Traditionnellement, on utilise pour ces comptages des tubes pneumatiques posés sur la chaussée. Les résultats sont très précis pour le trafic motorisé mais le sont moins pour les cyclistes. Quant aux piétons, il faut les compter manuellement. De plus, ces comptages sont temporaires. Ils ne permettent pas de suivre les tendances de long terme.

C'est pourquoi TML a mis au point le Telraam, un petit appareil peu coûteux que le citoyen suspend à sa fenêtre pour compter le trafic dans sa rue. Au printemps 2019, un projet pilote a commencé dans la commune de Kessel-Lo, qui fait partie de Louvain. "Le nombre de candidatures dépassait 250. Nous savions donc que nous avions touché une corde sensible. Depuis lors, Telraam n'a pas cessé de grandir", confie Laurens Vander Kuylen, de Mobiel 21.


Comment fonctionne un Telraam?

L'appareil Telraam se compose d'un Raspberry Pi – un ordinateur miniature, compact mais puissant – et d'une caméra orientée vers la rue. La caméra enregistre tout ce qui passe devant elle sur la voie publique. Les images sont analysées par l'ordinateur. Celui-ci classe les objets en 4 catégories suivant leur taille et leur vitesse: piétons, cyclistes, voitures et grands véhicules (par exemple autobus et camions). Pour chaque objet, le système calcule aussi la direction du déplacement et la vitesse.

Telraam caméra comptage trafic
La caméra du Telraam enregistre le trafic en rue (photo: Telraam.net).


La basse résolution de la caméra ne permet pas de reconnaître les plaques d'immatriculation ni les visages sur les images. Ce qui règle la question de la vie privée des passants. Chaque Telraam est relié à Internet par Wi-Fi. Les comptages sont transmis en continu à une base de données centrale où les données sont accessibles à tous.


Les chiffres d
’un Telraam sont-ils fiables?

Les chiffres du Telraam sont très fiables pour ce qui concerne le trafic motorisé. Les comparaisons avec d'autres modes de comptage le prouvent. Dans certains cas, le Telraam se montre même plus précis que le tube pneumatique. Pour les usagers de la route actifs - piétons, cyclistes... - la fiabilité est légèrement inférieure: une personne avec une poussette peut être confondue avec un vélo, et un groupe de cyclistes risque de passer pour un grand véhicule.

La fiabilité dépend surtout de l'installation, précise Laurens Vander Kuylen. L'emplacement idéal d’un Telraam est une fenêtre, au premier ou au deuxième étage, avec une vue dégagée sur la rue, donc sans arbres ni enseignes lumineuses dans le champ de la caméra. Les nouveaux utilisateurs participent à un atelier pour apprendre à bien positionner le Telraam. Lorsque toutes les conditions sont réunies, la fiabilité est garantie.

Telraam caméra et ordinateur comptage circulation
L'ordinateur analyse les images de la caméra et compte ainsi le nombre d'usagers de la route (photo: Telraam.net).


La caméra ne fonctionne qu'avec une lumière naturelle. En hiver, le Telraam officie donc moins d'heures par jour qu'en été. Pour les enquêtes de mobilité, cela ne pose généralement pas de problème, ajoute Wouter Florizoone. Mais le capteur actuel ne permet pas de savoir combien d'apprentis pilotes de course filent devant chez vous pendant la nuit. Cela changera peut-être avec le nouveau capteur en cours de développement.


Qui utilise le Telraam?

Les utilisateurs de Telraam sont surtout des villes et communes. Elles achètent un lot de Telraam pour les mettre à la disposition des riverains motivés. Les administrations locales peuvent ainsi récolter facilement et à peu de frais les données qui serviront à fonder leur politique de mobilité.


Résoudre les problèmes de mobilité et non les déplacer

"Ce printemps, par exemple, nous avons été contactés par la ville d'Alost", raconte Laurens Vander Kuylen. "Ils avaient leur plan de circulation et voulaient faire appel à des Telraam pour effectuer des prémesures. Aujourd'hui, le plan de circulation est en place, et les chiffres montreront si tout se passe comme prévu ou s'il y a des effets indésirables. " Via le réseau de Telraam, on peut par exemple savoir si une restriction dans une certaine rue n'engendre pas du trafic supplémentaire dans les rues voisines, avec pour effet de déplacer le problème plutôt que de le résoudre.”

Réseau de Telraam à Alost
Alost utilise un réseau de Telraam pour cartographier les effets de son plan de circulation.


La ville de Liège utilise aussi un maillage de Telraam pour suivre les effets de son nouveau plan de mobilité. Devant les résultats très positifs, la décision a été prise d'étendre le projet à la grande périphérie de Liège.

Des bureaux d'études et des organismes comme Veilig Verkeer Nederland aux Pays-Bas utilisent également des Telraaam. Aux Pays-Bas, un entrepreneur de travaux routiers fait appel aux Telraam pour répertorier les nuisances causées par les chantiers.

Dans les communes où il n'y a pas encore de projet, les citoyens intéressés peuvent eux-mêmes acheter un Telraam. Un Telraam coûte 125€.


Que fait-on avec les données d
’un Telraam?

Les données de chaque Telraam actif sont accessibles sur le site web telraam.net. Pour chaque appareil, le site présente notamment le nombre de véhicules et d'usagers de la route, la répartition du trafic sur la journée et la semaine, ainsi que la vitesse. L'utilisateur dispose de son propre tableau de bord qui lui permet de contrôler la situation, de produire des rapports mensuels et d'exporter les données. Un tableau de bord plus complet propose d'autres analyses et comparaisons destinées aux utilisateurs professionnels tels que les responsables de la mobilité.

Telraam tableau de bord des données
Une moyenne est calculée sur 24 heures: le telraam montre clairement le trafic du matin et du soir dans cette rue.
Légende des couleurs: orange = piétons, vert = vélos, bleu clair = voitures, bleu foncé= gros véhicules.


En deux ans, le Telraam a déjà fourni des éléments précieux, estime Wouter Florizoone. Par exemple, la ville de Louvain avait abaissé à 30 km/h la limite de vitesse sur la Brusselsestraat, une voie de pénétration importante. Mais l'aménagement de la route ne permettait pas d'obtenir le respect de cette limitation. Les comptages ont montré que 40% des conducteurs dépassaient la vitesse réglementaire. Après un déplacement de l'axe, l'installation d'un tableau d'information numérique et la pose de coussins berlinois (ralentisseurs), la vitesse moyenne a bel et bien diminué sur cet axe.

Telraam comptage modes de déplacement
Le Telraam cartographie la "mixité modale" entre piétons, cyclistes, voitures et gros véhicules.
Légende des couleurs: orange = piétons, vert = vélos, bleu clair = voitures, bleu foncé= gros véhicules.


Le Telraam dans d
’autres villes européennes

L'an dernier, le Telraam est parti à la conquête du monde via le projet WeCount. Grâce à l'aide européenne, des réseaux ont vu le jour à Madrid, Barcelone, Cardiff, Dublin et Ljubljana. En même temps, le réseau de Louvain s'agrandissait.

La problématique est différente dans chaque ville, commente Wouter Florizoone. À Ljubljana, il s'agissait surtout de répertorier l'utilisation du vélo. Cardiff et Dublin s'intéressaient plutôt aux encombrements et à leur impact sur la qualité de l'air. Avec WeCount, d'autres villes européennes ont déjà manifesté de l'intérêt. Récemment, Berlin a organisé un forum citoyen où le Telraam fournissait des données pour inciter les riverains à réfléchir à ce qu'ils attendaient des élections régionales.

"Les exemples étrangers nous apprennent beaucoup", ajoute Laurens Vander Kuylen. "À Madrid et à Barcelone, par exemple, on trouve de larges avenues plantées de grands arbres. C'est une configuration très différente des villes de Belgique ou d'Allemagne. Dans une telle situation, nous devons chercher les emplacements adéquats."


Mieux gérer la circulation et la sécurité routière

“Le Telraam n'a pas pour vocation de faire disparaître les voitures” précise Wouter Florizoone. "Le Telraam est avant tout un instrument de comptage du trafic. Mesurer, c'est savoir. À partir de données objectives, vous pouvez tirer des enseignements pour mieux gérer la circulation. L'essentiel, c'est d'abord la sécurité routière. Mais nous pouvons aussi contribuer à fluidifier les déplacements, et encourager par exemple les gens à gagner un parking en périphérie."