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Reprendre la moto après une longue interruption ou quand on a plus de 50 ans... Cela ne s'improvise pas! Voici quelques conseils.

Les beaux jours reviennent et, sur les routes, le nombre de motos est en constante augmentation. Peut-être êtes-vous l'un de ces motards aguerris qui n'a pas marqué de pause durant l'hiver? D’autres n'ont pas pratiqué depuis des mois voire des années. Voici nos conseils pour réenfourcher sa moto en toute sécurité…

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Reprendre la moto après l’hiver est une chose, mais après de longues années de pause, c’en est une autre !


Au fil des années, le succès de la moto ne se dément pas! Ainsi, l'an dernier, 533.107 engins étaient immatriculés dans notre pays, soit une hausse de 21% sur ces 10 dernières années. Parmi tous ces motards, des jeunes, des novices, mais, plus encore, des femmes et des hommes de 50 ans et plus. Et nombreux qui reprennent la route après une longue interruption, parfois de plusieurs années.

C'est ce que nous confirme Thierry Verstraeten, chef de projet chez Fedemot qui organise différents stages dont certains concernent ce genre de remise à niveau. "C'est un phénomène connu. Passé un certain âge, l'automobiliste dispose de plus de moyens, les enfants sont grands et l'envie de reprendre la moto fait le reste ! Je constate d'ailleurs que la plupart de ces "seniors" ont déjà eu une expérience de la moto même s'ils n'ont jamais suivi de cours auparavant."

Pour rappel, le permis de conduire voiture "B" obtenu avant 1989 autorisait à conduire une moto, quelle que soit sa cylindrée ou sa puissance !


Du mieux, mais…

Depuis, les choses ont heureusement changé. Mais le fait d'avoir son permis ne fait pas d'un ancien motard un pilote des temps modernes! Raison de plus, avant de passer en revue quelques points pour se remettre en selle en toute sécurité, d'analyser l'évolution de la sécurité routière liée à l'usage de la moto. Au cours de ces 10 dernières années, le nombre d'accidents a baissé de 15%. La tendance est donc positive même si 2022 a connu une remontée spectaculaire. Ceci s'expliquant aisément suite au "creux" lié à la crise Covid.

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Des chiffres interpellants


Pour autant, les chiffres sont encourageants même si, en Wallonie, la baisse est moins prononcée (-6%). Il n’en reste pas moins que 2.659 accidents ont été recensés l’an dernier, soit 7 par jour. L’an dernier, 65 motards ont perdu la vie sur nos routes contre 106 il y a 10 ans.

Fait marquant: le public qui roule à moto a tendance à vieillir. En 2005, l’âge moyen du motard impliqué dans un accident était plus ou moins de 35 ans. L’an dernier, il était de 41 ans. Et nous parlons bien ici de moyenne ! En creusant un peu tous ces chiffres, il ressort que des circonstances particulières jouent défavorablement et qu'en les soulignant, cela peut nous faire réfléchir.

Ainsi, selon l'institut VIAS :

  • 1 accident sur 4 (25%) implique uniquement le motard. En Wallonie (*), c’est même plus d’1 accident sur 3 (35%).
  • Pratiquement 2 accidents sur 3 (65%) ont lieu en dehors de tout carrefour. A Bruxelles, en revanche, 1 accident sur 5 (20%) a lieu dans un carrefour réglé par des feux. Au niveau national, ce pourcentage n’est que de 8%.
  • De tous les usagers de la route, les motards sont impliqués dans les accidents les plus mortels. P plus de 26 tués par 1000 accidents corporels contre 20 piétons, 8 cyclistes et 8 automobilistes, par exemple !
  • La temporalité : à partir de mars, le nombre d'accidents corporels augmente et baisse seulement à partir d’octobre : 73 % des accidents de moto se produisent entre avril et octobre…
  • Une autre enquête de l'AWSR (agence de sécurité routière wallonne) révèle aussi que les accidents de moto sont 2 fois plus graves quand il fait beau temps que lorsqu’il pleut !

(*) Quand on parle de Wallonie, c'est bien le territoire - particulièrement prisé par les adeptes de la moto - dont il est question, pas la région d'origine des pilotes mis en cause.

Il faut donc agir, à commencer par votre équipement !


Le casque avant tout

N’oubliez pas que, sur votre moto, vous n’êtes pas entouré d'une carrosserie et votre équipement sera l'unique protection en cas de chute. Prévoyez donc des protections individuelles spécifiques pour la pratique de la moto et, bien sûr, homologués.

À commencer par le casque, l’élément le plus important. Veillez à ce qu'il soit bien ajusté à votre tête, il doit serrer suffisamment. Faites-vous conseiller dans un magasin spécialisé. Entre tous les types de casques (cross, jet, intégral ou modulable), le plus protecteur sera assurément l'intégral suivi par le modulable. Les autres laissent à découvert le visage et la mâchoire.


Pour cceux qui reprennent la moto après une interruption de plusieurs années: changez pour un casque neuf! C'est le constat relaté par un vendeur d'un magasin spécialisé. "Je vois arriver des motards qui s'intéressent à une nouvelle veste ou le dernier jean à la mode alors que leur casque date d'une bonne dizaine d'années. Or, même d'apparence extérieure parfaite, un casque de plus de 5 ou 6 ans perd en efficacité. Car les matériaux avec lesquels il a été fabriqué perdent petit à petit leurs propriétés. La mousse expansée par exemple, mais aussi les lanières et leurs attaches".

Plus important encore, après un choc ou une chute (généralement de plus d'un mètre de haut), vous devrez absolument remplacer votre casque par un neuf !


Veste, pantalon et gants: les matériaux évoluent

La veste, le pantalon et les gants doivent aussi être adaptés à la pratique de la moto et dûment homologués. Avec l’âge on peut prendre un certain embonpoint : il faut donc que votre équipement soit encore à votre taille, confortable et sans accroc.

Autre point crucial : les gants. Parfois négligés, ils sont les premiers remparts, même lors d'une "simple" chute à faible vitesse. Ici aussi, même si c'est moins vital que pour le casque, posez-vous la question quant à la réutilisation d'un matériel ancien.


Au cours de ces dernières années, les matériaux ont évolué, tout comme la fabrication - le tissage avec différentes fibres ultra résistantes - n'ont plus rien à voir avec ce qui se faisait voici 20 ans!

Pensez aussi aux renforts, coudes et dos pour la veste, hanche et genoux pour le pantalon : changez-les si c'est encore possible.

Enfin, il nous paraît fondamental d'insister sur la nécessité de protéger au maximum vos pieds. Ne visez que des modèles hauts protégeant la malléole et la cheville. En cas de chute et d’impact latéral, elles absorberont une partie du choc. Le style c'est bien, la sécurité, c'est mieux!


Et pourquoi pas un airbag moto?

L’airbag est devenu un allié de taille dans la protection du motard. Les technologies se sont développées pour atteindre de hauts standards de protection. L'airbag moto offre une protection instantanée en cas d’impact. Trois systèmes existent aujourd'hui : un mécanisme utilisant un câble relié à la moto (filaire), un mécanisme utilisant la technologie radiocommandée nécessitant l’installation de capteurs sur le deux-roues et, enfin, un totalement autonome. Ce dernier est, de loin, le plus efficace mais aussi plus cher que les premiers cités.

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Sur ou sous la veste, filaire ou (comme ici) autonome, l’airbag moto fait partie des incontournables.


La fourchette de prix va de 300 à 700 euros pour les gilets à porter sous ou sur la veste. Bien plus si ce système est intégré à la veste ou dans une combinaison complète.

Concernant les airbags autonomes, il faut souvent ajouter un abonnement lié au module électronique qui gère le déclenchement. Compter une dizaine d'euros par mois. Cher? Sans doute, mais l'airbag constitue, avec le casque, les indispensables qui peuvent vous sauver la vie.


L’état de la moto

Peut-être votre ancienne mot dort-elle dans votre garage? Ou vous optez pour une occasion? Il faudra évidemment veiller à son bon état général et en particulier les pneus, l'un des éléments primordiaux à surveiller. Et ici, comme pour un casque, les années comptent autant que les kilomètres parcourus. Un pneu a priori en bon état, mais qui a 7 ou 8 ans, devrait être changé.

En effet, les matériaux qui le composent se sont dégradés. Voyez nos conseils concernant le marché de l'occasion, mais aussi les nouvelles règles régissant le contrôle technique désormais obligatoire en Belgique. Quant à ceux qui reprennent une moto neuve, le plus important viendra au moment des premiers kilomètres parcourus et le retour des sensations.

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Les pneus, comme sur les voitures, sont essentiels à la sécurité. A surveiller, donc !


Stage de remise à niveau

À propos de motos neuves, Thierry Verstraeten, formateur chez Fedemot, embraye : "Nous avons en effet beaucoup de personnes de plus de 50 ans qui viennent nous voir pour un stage de remise à niveau. Après une (très) longue interruption, il faut non seulement retrouver le feeling d'un deux-roues motorisé, mais aussi s'adapter à de toutes nouvelles contraintes. Ainsi de certains qui arrivent ici, hésitant, au guidon d'un rutilant trail de grosse cylindrée. Bien éloigné de la moto de leur jeunesse ! Bien plus puissant, plus lourd et avec une hauteur de selle importante qui ne facilite pas les manœuvres à basses vitesses. Autant dire que les premiers exercices sont parfois réalisés avec appréhension et difficultés.

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Il n’y a pas d’âge pour (ré)apprendre quelques notions de base...

Le plus important à transmettre ? Je dirais la souplesse, la maniabilité, la fluidité des mouvements. Je dis souvent que faire de la moto s'apparente à du yoga. Croire que l'on va dompter/forcer une machine de 250 kg (et plus) ou tenir des dizaines de km en étant raide sur sa machine relève du fantasme".

Manœuvres à basse vitesse puis s'insérer dans la circulation font partie des stages que propose cette association basée en Wallonie. En Flandre, vous pourrez vous diriger vers les formations distillées par le VSV et son programme Ready to Ride. Il existe bien évidemment d'autres centres de formation, mais ceux que nous citons ici ont le mérite d'être particulièrement abordables, soit une centaine d'euros la journée.


En autodidacte?

Si vous ne voulez pas passer par une école de maîtrise, nous ne saurions trop vous conseiller de réaliser quelques exercices, surtout à basse vitesse, avant de vous (re)lancer pour de longues balades. Un parking de grand magasin hors des heures d'ouverture, un zoning industriel désert le week-end... vous avez l'embarras du choix. Quelques grandes bouteilles d'eau remplies de sable ou des plots achetés en magasin de sport serviront à confectionner un parcours d'entraînement.

Un parking désert, quelques dizaines de mètres libres et quelques plots feront l’affaire.


Quelques exercices

Le slalom à très basse vitesse, le "huit" ou encore un carré dont les 4 points sont éloignés de 5 mètres. Le but de ce dernier exercice, c'est de tourner à l’intérieur du carré, sans sortir et sans toucher les plots. Quand la première manœuvre est réussie, on réduit la distance entre les plots. Au final, il faudrait que le côté du carré mesure, au maximum, une fois et demie la longueur de votre moto. Ce ne sont là que quelques exemples. Si vous surfez sur une plateforme comme YouTube, vous trouverez des dizaines d'autres petits "jeux" dans ce genre.

Passer une demi-journée à répéter ces figures vous paraîtra peut être fastidieux, mais vous gagnerez en assurance dès votre prochaine sortie.

Enfin, comme le soulignait encore notre témoin instructeur, il faut être conscient des difficultés liées à la circulation actuelle. "Ceux qui ont pratiqué la moto dans les années 90 n'étaient pas confrontés aux smartphones et aux réseaux sociaux. Or, aujourd'hui, même si c'est interdit, beaucoup d'automobilistes conduisent en utilisant leur téléphone. C'est une source de distraction qui peut être fatale pour nous qui sommes sur une moto ! C'est particulièrement le cas lorsque la circulation est dense et/ou que l'on souhaite remonter les files sur l'autoroute. L'attention doit être de tous les instants !".


Conclusion

Reprendre la moto après 50 ans peut être une source de petits plaisirs au quotidien. Cette sensation unique de liberté manque cruellement aujourd'hui au volant d'une voiture moderne. Mais la circulation automobile, les motos et les équipements ont tellement évolué qu'il faut absolument (re)prendre ses marques et ne pas hésiter à demander conseil auprès de professionnels.

Selon l'agence de sécurité routière wallonne (AWSR), 1 motard sur 7 sera (grièvement) blessé au cours de sa "carrière", il ne tient qu'à nous tous, de faire mentir cette effroyable statistique.