Dans une interview accordée à Touring, Brent Toderian donne un avis bien tranché sur la gestion des problèmes de mobilité dans notre pays. Danny Smagghe, porte-parole de Touring, veut apporter quelques nuances.
Danny Smagghe: "Touring est bien évidemment favorable aux villes à circulation limitée et développe des projets pour faciliter les déplacements des usagers et développer une véritable multimodalité. Ce modèle, baptisé MaaS (Mobility as a Service), convient parfaitement à la population urbaine, à condition que des alternatives efficaces soient mises en place! Et c’est là que le bât blesse pour le navetteur ou le visiteur qui vit à l'extérieur de la ville et n'a souvent pas d'autre alternative que la voiture."
Moins de place pour la voiture
Danny Smagghe: "On ne peut pas non plus tabler sur un retour soudain de la population vers la ville. Il n'y a clairement pas assez de place pour cela. Les centres-villes sont bien souvent déjà surpeuplés et des procédures sont en cours pour rendre les villes plus agréables à vivre pour leurs habitants. On ne met pas plus de capacité à la disposition de l’automobile, au contraire, cet espace urbain rétrécit systématiquement en faveur des piétons et des cyclistes. Les villes interdisent les voitures dans leur centre ou imposent des zones de basses émissions, aménagent de nouveaux espaces publics et dissuadent le trafic automobile. Il est donc faux de dire que nous n'avons encore rien fait.
Mais il ne faut pas sous-estimer le contexte historique de notre aménagement territorial ou de notre urbanisation. Certains déséquilibres se sont créés; on a ainsi accordé beaucoup d’espace à la voiture et incité la population à aller vivre en dehors des villes. Une ville nouvelle ne se construit pas en un jour et il est un fait que les choses avancent trop lentement, surtout quand on sait que cela fait presque 40 ans que Touring soulève cette problématique et que quasiment rien n'a été fait pendant toutes ces années. Un exemple? L’élargissement du métro bruxellois que l’on attend toujours et sur lequel Touring ne cesse d’insister. Touring reste favorable à l'optimisation du réseau routier en vue de désengorger les points noirs et rappelle que les ajustements à venir du ring de Bruxelles et d'Anvers convergent, par exemple, avec l’aménagement de nouveaux espaces et de véloroutes."
Réinvestir dans des solutions de mobilité
Danny Smagghe: "En vue de financer ces projets, Touring pointe les recettes actuelles, à savoir les taxes que les automobilistes paient à l’État. En incluant les accises et les taxes sur les carburants, ce montant s'élevait à pas moins de 20 milliards d'euros l'année dernière. Il est dommage que tout cet argent ne soit pas réinvesti dans des solutions de mobilité. Plutôt que de rendre l’usage de la voiture plus coûteux, nous devrions simplement instaurer une taxe kilométrique intelligente, dont les recettes seraient réinjectées dans la mobilité et les infrastructures.
Pour terminer, un mot sur la pollution atmosphérique due au trafic. Nous devons prendre le taureau par les cornes. La technologie automobile évolue à une vitesse fulgurante. Il existe désormais des voitures diesel qui polluent moins que les véhicules essence. Mais d'autres sources de pollution, telles que le chauffage des bâtiments et les émissions industrielles, doivent également être prises en compte.
Touring veut garantir la liberté de mouvement de chacun, de la manière et avec les moyens qui lui conviennent le mieux. Nous ne croyons pas à la politique du "couteau sous la gorge", mais à l’optimisation et à la proposition d'alternatives efficaces. Investir est donc plus que jamais une nécessité."