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Les marques chinoises ont débarqué en masse au salon 2023 et sur nos marchés automobiles. Et ce n’est qu’un début! Mais que valent-elles vraiment?

BYD, Nio, MG, Seres, Aiways, BAIC, Lynk & Co… On ne compte plus les marques chinoises qui ont littéralement envahi le marché automobile européen depuis quelques mois. Et ce n’est qu’un début, paraît-il… Mais que valent-elles vraiment en termes de coûts, de fiabilité ou de sécurité? Nous apportons quelques réponses dans le cadre du Salon de l’auto 2023, où de nombreuses marques chinoises étaient réunies.


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A l’image de cette Nio qui veut (notamment) attaquer Tesla et Mercedes sur le haut de gamme, les marques chinoises avancent aujourd’hui de solides arguments de vente...


Souvenez-vous: il y a une quinzaine d’années, les premières marques chinoises annonçaient vouloir tenter l’aventure européenne. Elles s’appelaient Brilliance, LandWind, vous aviez pu les voir dans l’un ou l’autre salon. Elles proposaient des modèles ressemblant étrangement à des best-sellers européens pour des prix défiant toute concurrence. Leur enthousiasme avait rapidement été tué dans l’œuf.

En effet, différents tests de sécurité européens (ADAC, Euro-Ncap…) s’étaient révélés catastrophiques, rendant impossible toute commercialisation européenne. Mais ce temps est révolu. Désormais, certains modèles obtiennent même davantage d’étoiles à l’Euro-Ncap que des européennes.

Aujourd’hui donc, de nouveaux acteurs débarquent en force chez nous, comme vous pourrez le voir au salon. Avec de nouvelles gammes de modèles et surtout, élément prépondérant, elles sont toutes électriques!

Et puis, force est de constater que les chinoises affichent souvent des technologies plus avancées. Le succès commercial de certaines d’entre elles n’est déjà plus à démontrer après seulement quelques années de commercialisation. Pensez à Polestar ou MG par exemple.

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Autrefois dépassées dans ce type de tests, les voitures chinoises s’en sortent de mieux en mieux (ici Lucid Air).


À l’image des coréennes des années 90

D’aucuns n’hésitent pas à comparer leur ascension à celle qu’ont connue des marques comme Hyundai ou Kia il y a une quinzaine d’années. "À l’époque, au salon, on regardait ces nouveaux acteurs coréens comme des ovnis. Mais ils ont réussi à démontrer d’excellents arguments en termes de qualité, de fiabilité et de réseau face aux attentes des clients européens. Et ils affichent aujourd’hui de très beaux chiffres de vente", explique Christophe Dubon, porte-parole de la Febiac.

Il poursuit: "Je pense que nous allons assister à la même histoire avec les marques chinoises. On ne parle plus vraiment des mêmes produits asiatiques que ce qu’on a vu arriver sur le marché il y a 10 ans. Il faut savoir qu’un quart des marques qui proposent actuellement des VE sur le marché belge n’y étaient pas présentes il y a 2 ans. Le secteur est donc en plein renouvellement. Chez Febiac, on s’attend à une véritable percée de ces nouvelles marques dans le parc automobile belge en 2023. Elles seront d’ailleurs déjà présentes au salon de Bruxelles en janvier".

BAIC et son dernier né le X55.


Volumes directement disponibles

"L’un des gros avantages de ces marques, c’est qu’elles disposent souvent de leur propre chaîne de production de semi-conducteurs. Et sont donc en mesure de produire, et surtout de livrer, leurs véhicules très rapidement. Un atout majeur sur un marché où des clients doivent aujourd’hui parfois attendre plus d’un an leur nouveau véhicule", explique Bart Massin, co-président de l’association EV Belgium. "D’autre part, elles ont clairement une avance technologique. On voit beaucoup de marques asiatiques qui ont des capacités de batterie et de recharge plus élevées que ce que proposent les marques européennes."

Face à de tels arguments, pas étonnant que des groupes bien implantés en Europe se disputent les contrats d’importation de ces nouvelles marques. Prenez par exemple MG, distribué chez nous par Astara Western Europe. Ou, plus récemment, BYD dont le contrat d’importation pour le marché belge a été finalement remporté par Inchcape, distributeur de Toyota et Lexus au Belux. Des marques que vous retrouverez évidemment au salon.

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MG4 Electric


Le cas BYD

Le cas de BYD, pour "Build Your Dreams", est justement intéressant. La marque débarque directement avec 3 modèles (2 SUV et une berline) et annonce déjà 2 autres véhicules pour 2023.

Si ce nom nous paraît totalement inconnu, BYD fournit en fait une partie des batteries utilisées par Tesla dans sa gigafactory de Berlin. Car BYD est avant tout l’un des plus grands fabricants mondiaux de batteries destinées à différents usages. Ainsi des smartphones, panneaux solaires, trains mais aussi voitures. Fort de cette technologie, BYD s’est lancé dans la production de véhicules dans les années 90 et est aujourd’hui le constructeur numéro 1 sur le marché des VE chinois. Ses ambitions sur le Vieux Continent sont élevées. Et il faut dire qu’à l’essai, les véhicules se révèlent tout aussi efficaces que des concurrents européens et présentent un niveau de finition des plus corrects.

BYD, berline à l’allure luxueuse...


Révolution du business model

Mais ce qui différencie clairement BYD - et les autres constructeurs chinois d’aujourd’hui - des marques qui ont raté leur entrée sur notre marché il y a 15 ans, c’est aussi leur positionnement tarifaire et leur business model. Côté tarif par exemple, la BYD Han, berline comparable à une Tesla Model S, est vendue aux alentours de 70.000 euros. Les Chinoises d’aujourd’hui ne jouent donc plus la carte du low cost. Pour le modèle équivalent chez Nio, l’ET7, comptez +/- 1.500 euros par mois en location. En location, oui vous avez bien lu.

Car c’est aussi le second point où les marques chinoises innovent: les nouvelles formules d’acquisition. Tesla a innové avec ses ventes en ligne, Lynk & Co a embrayé avec son système de location sans engagement à long terme. Nio veut révolutionner l’achat classique en proposant uniquement sa voiture en location. Reste à savoir si le client belge sera prêt à ne plus être propriétaire de sa voiture. Car, c’est connu, en plus d’une brique, il a aussi 4 roues dans le ventre! Une exception ici: BYD qui mise toujours sur le modèle du concessionnaire et a déjà ouvert son premier showroom à Zaventem.

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Polestar


Quelle fiabilité?

Ces voitures chinoises sont-elles aussi fiables que nos marques européennes? Et que vaudront-elles à la revente d’ici 4 ou 5 ans? Ces questions restent évidemment sans réponse à l’heure actuelle. Nous ne disposons pas encore de suffisamment d’expérience et de recul pour analyser la fiabilité à long terme de ces modèles. Mais les premiers retours de clients sont plutôt positifs.

En Norvège, la BYD Tang, un grand SUV 7 places désormais aussi disponible en Belgique, est commercialisée depuis près de 2 ans. Face à l’engouement des premiers propriétaires, 1.000 exemplaires se sont vendus en à peine 4 mois. Des tests ont aussi démontré que le Tang obtient l'un des meilleurs résultats du marché en ce qui concerne le rapport entre l'autonomie WLTP annoncée et l'autonomie réelle, avec un écart de seulement 11%.


Conclusion

Face à tous ces arguments, au salon comme pour les mois à venir, il n’y aurait donc aucune raison de ne pas se laisser tenter par une voiture chinoise. Quoique… Il reste bien l’argument moral. Outre le contexte géopolitique international, il y a aussi toute la question économique. Interrogés par les médias français lors du Mondial de l’Automobile à Paris, de nombreux visiteurs ont par exemple rejeté l’idée d’acheter des voitures fabriquées en Chine, souhaitant privilégier les constructeurs européens.

Reste que dans de nombreux cas, l’argument financier risque de peser plus lourd dans la balance. Tout comme celui d'un certain protectionnisme "occidental"… Nous verrons rapidement ce qu'il en est, notamment au salon de Bruxelles qui sera, à ce titre, un excellent indicateur.


Entreprise: attention à la valeur résiduelle!

Pour les entreprises, qui n’ont d’autre choix que de passer à une flotte toute électrique d’ici à 2026, l’arrivée massive de ces nouveaux acteurs chinois est plutôt une bonne nouvelle. Grâce à leurs tarifs généralement plus abordables que ceux des concurrentes européennes, les voitures chinoises vont faciliter l’accès à la conduite électrique pour les collaborateurs qui disposent d’un budget fleet plus serré. Mais, comme pour les particuliers, acquérir une voiture chinoise comporte quelques risques en matière de revente puisque la valeur résiduelle de ces modèles reste actuellement très difficile à estimer.

On ne dispose pas encore d’assez d’expérience et de recul, notamment sur leur fiabilité. Si vous souhaitez ajouter ces nouvelles marques dans votre car policy, privilégiez plutôt les formules de leasing. Ainsi, c’est la société de location qui prendra les risques sur la valeur résiduelle à votre place.

Aiways


Bien plus que du low cost

Quelques prix (*) vous montrent que ces voitures chinoises sont loin d'être bon marché. Le prix conséquent des batteries n'y est évidemment pas pour rien! Les moins chères sont celles qui, justement, sont encore équipées de moteurs thermiques comme BAIC par exemple.

  • Aiways: € 39.627 (électrique)
  • BAIC X35: € 17.950 (essence)
  • BAIC X55: € 20.990 (essence)
  • BYD Atto 3: € 45.990 (électrique)
  • BYD Han: € 71.390 (électrique)
  • Lynk & Co: € 42.000 (électrique)
  • MG 5: € 34.585 (électrique)
  • MG ZS: € 18.485 (essence)
  • MG ZS: € 33.585 (électrique)
  • MG Marvel R: € 47.485 (électrique)
  • Polestar 2: € 47.600 (électrique)
  • Polestar 3: € 88.600 (électrique)
  • Seres 3: € 32.990 (électrique)

(*) Prix "à partir de".