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Youngtimers
Les youngtimers ou jeunes ancêtres vont voir leur cote s'envoler d'ici dix ans. Il est temps de s'y intéresser de plus près.

Ils ont connu leur heure de gloire à la fin des années 70, durant les années 80 ou encore au début des années 90. Aujourd’hui, si ces véhicules sont considérés comme des ancêtres (avec 25 ans d’âge au compteur), ils appartiennent toutefois à une catégorie à part; celle que l'on surnomme les "youngtimers". Pour la FEBIAC (Fédération Belge de l’Automobile et du Cycle), cette appellation venue d’Allemagne est calquée sur l’expression anglaise "oldtimer" et sa signification peut être interprétée comme "jeune-ancienne".

Roulez jeunesse!

À la tête de la Fédération Belge des Véhicules Anciens (FBVA), Peter Henning estime que ces véhicules deviendront les voitures de collection de demain. Il s’explique: "L’engouement pour les youngtimers se comprend par le fait que la génération de collectionneurs rajeunit. Aujourd’hui, si vous avez une quarantaine d’années, vous apprécierez les modèles que vous admiriez lorsque vous étiez enfant ou adolescent, mais également ceux que vos parents conduisaient à l’époque."

Cet expert prévoit donc que ces voitures verront leur cote s’envoler dans les dix années à venir. En effet, actuellement, ce sont encore les voitures des années 60 et 70 qui sont sous les feux des projecteurs et qui font souvent parler d’elles lorsqu’elles sont vendues pour l’une ou l’autre somme record.

"Une autre raison explique l’intérêt pour les youngtimers. Elle est d’ordre financier, poursuit Peter Henning, car il ne faut pas avoir beaucoup d'argent pour dénicher un modèle en excellent état. Avec un budget de 4.000 €, il est possible de trouver son bonheur." On comprend dès lors mieux pourquoi de nombreux jeunes passionnés se tournent vers ces voitures.

Cela dit, ces modèles n’intéressent pas uniquement les jeunes. "Des personnes plus âgées peuvent également craquer pour une berline ou un coupé de ces années-là. Car, avec l’âge, elles estiment souvent que l’usage de leur "oldtimer" est plus contraignant. Bref, ces personnes recherchent un véhicule plus confortable et offrant un feeling de conduite moins aseptisé que celui d’une voiture moderne", explique Peter Henning.

Vaste choix

Outre le fait qu’un youngtimer évoque de bons souvenirs et est relativement fiable sur le plan mécanique, il a aussi le mérite d’appartenir aux années où la production de masse était d’actualité. Le résultat? Si vous vous lancez à la recherche de la voiture de vos rêves, vous aurez l’embarras du choix.

En plus, dans cette catégorie, il semble que les marques populaires remportent autant de succès que les plus prestigieuses. "En ce qui concerne le modèle lui-même, il est clair que l’amateur va généralement se tourner vers une sportive, un coupé ou un cabriolet", souligne le patron de la FBVA. Mais il est aussi possible de se faire plaisir au volant d’un modèle plus familial."

Dans les années à venir, à l’occasion de l’une ou l’autre manifestation d’ancêtres, on devrait revoir plus régulièrement des Mazda MX-5, Peugeot 309, Ford Escort, Honda Civic, de nombreux modèles badgés GTI (de la VW Golf à la Peugeot 205 en passant par la Citroën Visa), des Porsche 911, mais aussi de nombreuses berlines statutaires et autres breaks "grand volume" à l’image des Mercedes 300 TD.

Judicieux conseils

Peter Henning estime qu’il faut acheter un "youngtimer" avant tout par passion comme une œuvre d’art et non le voir comme un investissement. "Acheter aujourd’hui un véhicule 10.000 € et espérer le revendre 10.000 € de plus dans dix ans est assurément un leurre. On ne sait en effet jamais comment le marché va se comporter. La valeur d’un tel véhicule peut tout aussi vite augmenter que dégringoler."

Un autre conseil crucial de cet expert est de ne pas trop vite se laisser séduire par une annonce publiée sur le web. Selon lui, il vaut mieux d’abord découvrir le véhicule avant de verser le moindre acompte. Par ailleurs, il est toujours judicieux de se renseigner auprès de personnes ayant une certaine expérience ou possédant déjà l’un ou l’autre véhicule de ce type, afin de ne pas se laisser rouler dans la farine et de connaître tout ce qui est en rapport avec la possession d’un ancêtre.

"La bonne affaire? Je pense qu’il est encore possible de la réaliser, reconnaît Peter Henning, car aujourd’hui il existe de nombreux propriétaires qui ont bichonné leur voiture durant de longues années. Généralement, leur kilométrage n’est en plus pas trop élevé. Ces modèles se révèlent donc parfaits en tant que youngtimers." Ces conseils mémorisés, il ne vous reste plus qu’à trouver votre bonheur.

Le statut "oldtimer" passe de 25 à 30 ans

D'un point de vue fiscal, la différence est fondamentale entre un "youngtimer" et un "oldtimer" puisque ces derniers sont clairement favorisés. Ceci dit, la limite d'âge évolue pour passer d'un statut à l'autre et, en 2018 (règle européenne), il faudra 30 ans et plus pour considérer qu'une auto passe au statut d'ancêtre.

Mais comme toujours, en Belgique, les choses ne sont pas aussi simple et la différence se marque d'une Région à l'autre. Ainsi, en Wallonie, le statut d’ancêtre est passé de 25 à 30 ans au 1 janvier 2016 mais uniquement pour ce qui est de l'aspect fiscal. En effet, on peut toujours obtenir une plaque "0" à partir de 25 ans et on bénéficie toujours des règles "oldtimer" pour le contrôle technique par exemple.

Pour les oldtimers déjà immatriculés et n’ayant pas encore atteint la barre des 30 ans, il conviendra également de s’acquitter de la taxe de circulation annuelle "normale" jusqu’aux trente printemps de son automobile.

En Flandre, il n'y a (pour l'instant) pas de modification, le statut d'ancêtre est toujours fixé à 25 ans. Cela devrait changer dans les prochaines années et au plus tard en 2018, Europe oblige.

Rêves d’ado

Maxime Hérion a 34 ans et réside à Liège. Depuis une vingtaine d’années, il se passionne pour les youngtimers. Inutile donc de préciser que si le jeune homme s’est vite retrouvé au volant d’une Golf d’occasion, il n’a pas attendu non plus la nuit des temps pour s’offrir sa première "voiture de rêve". Il s’agissait alors d’une Mazda MX-5 de 1993.

"Ce que j’aime surtout avec les youngtimers, c’est qu’ils sont plus abordables et plus adaptés à la circulation d’aujourd’hui que la plupart des oldtimers, lance l’intéressé. De plus, avec certains modèles, le niveau de fiabilité est si élevé que l’on peut partir se balader l’esprit tranquille."

Ce propriétaire sait de quoi il parle. À ce jour, il a possédé deux Mercedes-Benz (une berline 300 SE de 1988 et un break 300 TD de 1990), mais également deux Mazda MX-5. Mais, attention, Maxime n’est pas de ceux qui investissent à tout prix. Lui, ce qui le motive le plus, c’est surtout de trouver la perle rare pour un budget de 5.000 € maximum.

Il soutient d’ailleurs l’idée qu’il faut toujours acheter par passion. Évidemment, depuis l’annonce du changement de législation concernant les ancêtres, Maxime a dû se séparer de son break 300 TD. "Si je regrette ce fait, ce n’est pas pour autant que je vais mettre ma passion de côté. Je compte trouver une autre Mercedes d’au moins 30 ans dans les mois à venir. Ainsi, je pourrai profiter d’une voiture au volant de laquelle il est possible d’oublier tous les tracas de la vie quotidienne."