Depuis plusieurs années, les caméras de surveillance de type ANPR se multiplient dans notre pays. Préventifs ou répressifs, ces bijoux de technologie n'ont pas fini de nous surprendre. À quoi servent-elles et comment fonctionnent-elles? Mode d'emploi.
Dans un article sur le même sujet, nous expliquions qu'il ne faut pas confondre ces nouvelles caméras "intelligentes" et les radars automatiques. Nous nous attarderons ici sur le fonctionnement de ces fameuses caméras et ce qu'elles sont capables de faire. Vertigineux à vrai dire...

Comment ça fonctionne?
L'ANPR (Automatic Number Plate Recognition) combine deux caméras: l'une couleur et l'autre à infrarouge. Ce duo permet d'enregistrer l'environnement global (caméra "classique") et la plaque d'immatriculation (infrarouge). L'infrarouge permet en effet de pallier les risques d'interférences comme l'obscurité, la pluie, la neige, les projections d'eau, etc. Les données de la plaque d'immatriculation sont analysées par un logiciel de reconnaissance alphanumérique et comparées à des bases de données officielles. Évidemment, tout cela est strictement réglementé, notamment pour éviter tout abus concernant la vie privée.
Statique ou dynamique
Ces caméras ont commencé à être connues du grand public lorsque des reportages ont été publiés à propos de voitures de police ou de sociétés gérant le stationnement en ville qui arpentaient les rues de grandes villes. Ce faisant, un seul équipage pouvait contrôler un très grand nombre de véhicules, soit en stationnement, soit même en déplacement. Ces voitures sont généralement équipées de 4 caméras. Deux à l'avant et 2 à l'arrière, de chaque côté du véhicule pour un balayage complet de la rue.
Les services gérant les zones de parking (dépendant alors des communes) se servent également de ce type de caméra. Tout cela, ce sont des caméras "dynamiques". Mais la véritable explosion de ces engins est liée à leur utilisation "statique" le long de nos routes et autoroutes. Montées au-dessus des ponts, sur des mâts fixes et parfois sur des dispositifs roulants pour être déplacés rapidement d'un endroit à un autre.

Calculer, constater mais aussi sanctionner
Les caméras de type ANPR peuvent servir à de nombreuses missions. Parmi celles-ci:
- Les relevés pour statistiques: ces caméras mesurent la densité du trafic, distinguent les camions des voitures ou des deux-roues. Elles peuvent aider les autorités à mieux gérer les flux de circulation en fonction des horaires, des travaux, etc. Autre exemple ? La société des autoroutes wallonnes (Sofico) s'en servira notamment pour identifier les différents camions, camionnettes et autres véhicules "professionnels" à l'entrée des parkings. Cela permettra de tenir au courant, en temps réel, les chauffeurs des emplacements disponibles.
- Constater et sanctionner: depuis le 1er juillet, ces caméras peuvent donc constater toute une liste d'infractions. Notamment le fait de circuler à contresens dans une rue à sens unique. Ou bien s'engager dans un carrefour en sachant qu'on y sera immobilisé et donc bloquer le trafic, bloquer un rond-point... Ou encore ne pas respecter un panneau de signalisation, enfreindre les interdictions de dépassement, etc.
- D'autres infractions. Selon plusieurs médias, lors de la rédaction des arrêtés royaux relatifs à ces caméras, il est envisagé d’élargir leur utilisation à la lutte contre le GSM au volant ou le non-port de la ceinture de sécurité (voir ci-dessous).
- Zones à basses émissions et péages urbains. Depuis plusieurs années, de nombreuses villes ont mis en place des zones à basses émissions et interdit ainsi leur accès aux véhicules les plus polluants. En Belgique, ce fut le cas d'Anvers, suivi de Bruxelles. Pour contrôler ces flux de trafic, ce sont ces mêmes caméras ANPR qui officient. Et les récentes discussions autour de la formation du gouvernement bruxellois ne laissent aucun doute: ces caméras serviront un jour à faire payer une taxe kilométrique pour circuler dans Bruxelles.
Vers un élargissement encore plus grand de leurs capacités ?
Les dernières décisions politiques laissent entrevoir un rôle encore plus important pour ces caméras dans la gestion du trafic et le contrôle des infractions. Une nouvelle législation en discussion vise à leur permettre de détecter automatiquement les conducteurs utilisant leur téléphone portable au volant ou ne portant pas leur ceinture de sécurité. L'objectif annoncé par le gouvernement fédéral est d'améliorer la sécurité routière en réduisant les comportements dangereux. En 2021 déjà, l’institut VIAS prônait ce genre de mesures après un test grandeur nature.
Dans le même temps, leur utilisation par certaines communes fait débat. En Flandre notamment, la commission de contrôle des données personnelles a récemment exprimé des inquiétudes quant à une utilisation excessive de ces caméras à des fins autres que celles prévues par la loi. Ce débat pourrait aboutir à un meilleur encadrement de ces outils ou, à l’inverse, à un renforcement de leur usage, notamment pour surveiller le respect des nouvelles réglementations sur les mobilités douces et la sécurité des piétons.
Enfin, certains récents faits divers montrent l'impact grandissant de ces dispositifs sur le quotidien des citoyens. À Zaventem, des résidents ont été surpris par des amendes élevées après avoir simplement déposé leurs enfants à l’école, en raison de la surveillance accrue des caméras ANPR. Un exemple qui illustre bien le dilemme entre efficacité et acceptabilité sociale de ces outils.
Conclusion
Les caméras ANPR sont désormais omniprésentes sur nos routes et dans nos villes. Si elles jouent un rôle clé dans la gestion du trafic et l’application des règles, leur expansion continue pose aussi des questions en matière de vie privée et de proportionnalité des sanctions. Avec les évolutions technologiques et législatives en cours, leur champ d’action ne fera que