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Même si les progrès sont notoires, nous sommes encore loin de la voiture autonome. Quoique, les progrès sont constants et les technologies fonctionnent...

Conduite semi-autonome, voiture autonome, assistance à la conduite ou aux manœuvres… Autant de sujets qui reviennent régulièrement au centre de l'actualité automobile. Les constructeurs communiquent beaucoup sur ces nouveautés technologiques censées "rouler à notre place". Les perspectives sont extraordinaires, les technologies existent et sont pratiquement toutes au point. Pourtant... Cela prendra encore beaucoup de temps. On vous explique tout.

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Dans les rues de San Francisco, la voiture autonome (taxi) n’est plus un mythe (Copyright: mp.curtet.1)


Qu’est-ce qu
’une voiture autonome ?

Pour comprendre la problématique liée aux véhicules autonomes, il faut d'abord connaître la hiérarchie établie dans ce domaine par l'association des constructeurs automobiles, OICA.

Une échelle qui comporte six niveaux pour atteindre, au final, l'autonomie totale des véhicules.

Voici le détail :

  • Niveau 0: Aucune autonomie, le conducteur a la maîtrise totale du véhicule. Les systèmes comme l’avertisseur de changement de bande - par vibrations ou un signal sonore - ne sont pas considérés comme un élément de conduite autonome, puisqu’ils ne font qu’avertir le conducteur.
  • Niveau 1: Le conducteur effectue l'entièreté des manœuvres, mais profite de systèmes d'aide à la conduite. Par exemple l'assistance au freinage d'urgence ou encore le régulateur de vitesse adaptatif.
  • Niveau 2: Le véhicule gère lui-même les paramètres de roulage (aussi bien la direction que le freinage et l’accélération). Mais toujours sous le contrôle du conducteur qui a la possibilité d'intervenir à tout moment. C’est par exemple le cas de la conduite autonome dans les embouteillages (accélérations, freinage, maintien de voie) où le conducteur peut lâcher le volant par instant. Mais il devra reprendre le contrôle après un signal d'alerte. Le parking automatique est un autre exemple de niveau 2.
  • Niveau 3: Le système peut prendre en charge la totalité des manœuvres, y compris en agissant sur la direction. Le véhicule "surveille et gère" son environnement. Mais, nuance importante, le conducteur doit toujours être capable de reprendre la main lorsque le système le demande. En Europe, les voitures les plus récentes équipées à ce niveau 3 ne peuvent être complètement autonomes. Un signal sonore et visuel demande au conducteur de reprendre le volant après quelques secondes.
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Sans les mains mais en cas d’alerte, le conducteur doit reprendre du service.
  • Niveau 4: Dans ce cas-ci, l'autonomie est complète, le véhicule peut évoluer seul sans aucune intervention humaine. Mais l'action ne peut se dérouler que dans un environnement limité et "balisé". Pensez aux parkings ou à des autoroutes à voies séparées; le système peut également gérer entrées et sorties d'autoroutes. Le niveau 4 n'est pas envisagé avant plusieurs années encore sur nos voies publiques car il faudra, notamment, que la législation - de chaque pays concerné - intègre cette notion de conduite autonome totale. Il est toutefois autorisé et testé en Allemagne avec des règles assez strictes, notamment de vitesse maximale. Celle-ci était limitée jusqu'à 60 km/h mais passera cette année à 90 km/h (source Mercedes).
  • Niveau 5: À ce stade, c'est la "machine" qui gère la totalité des manœuvres sans aucune intervention humaine et dans tous les environnements. Mieux encore, le système peut prendre le pas sur un ordre donné par un humain si celui-ci est jugé inopportun ou dangereux. Ces véhicules ne disposeront même plus nécessairement d'un volant. Vu, notamment, la problématique liée à la responsabilité en cas d'accident, les spécialistes s'accordent à dire que ce niveau ne sera pas atteint avant 2035, au mieux. En tout cas pour ce qui concerne des véhicules utilisés par des particuliers. Autre chose évidemment sont les taxis robots ou les navettes de transports (voir ci-dessous)...
Un dessin vaut mieux qu’un long discours ! Source CAD

Qu'en est-il aujourd'hui?

La voiture autonome n'est donc pas prête à rouler "librement" dans nos rues avant au moins une bonne dizaine d'années. Mais que proposent les voitures actuelles? Nous avions déjà dressé une liste des aides à la conduite les plus courantes. Mais, parmi tous ces systèmes, certains sont carrément devenus obligatoires sur les nouveaux véhicules (nouveaux modèles) depuis 2022. Et le seront sur tous les véhicules neufs au 1er juillet 2024. Parmi ces obligations européennes, on pointera :


Et la voiture 100% autonome ?

Vous l'aurez compris, même si les progrès sont notoires, nous sommes encore loin de la dernière étape, les véhicules 100% autonomes. Quoi que, là aussi les progrès sont constants et les technologies fonctionnent quasi (la nuance est importante!) parfaitement. Hors Europe, les choses avancent plus rapidement. Ainsi, aux États-Unis notamment, l'on peut croiser ce genre d'engins au quotidien. C'est le cas à San Francisco où la société Waymo (Alphabet/Google) propose un service de taxi autonome sans personnel à bord. Jaguar mais aussi Zeekr circulent librement dans la mégapole californienne.

Avec, parfois, quelques soucis comme, récemment cette voiture sans chauffeur entrée en collision avec un cycliste à San Francisco début février, causant des blessures mineures. L'incident est examiné par le régulateur automobile de l'État (celui qui gère les autorisations de circuler). Mais, pour l'heure, toutes ces autos continuent de parcourir la ville H/24. Plus anecdotiquement, un malfrat a même tenté de voler, en vain, l'un de ces véhicules à Los Angeles ! En effet, les commandes ne répondaient pas, un employé de Waymo lui a alors demandé - à distance - de quitter le véhicule, ce qu'il n'a pas fait. La police est intervenue pour interpeller le suspect !

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Waymo taxi à San Francisco


Et chez nous ?

Comme pour le reste de l'Europe, il n'y a pas de "robots taxis" en libre circulation et les véhicules les plus avancés, niveau 3 et 4, requièrent toujours la présence et la vigilance d'un conducteur. Pour autant, de plus en plus de voitures (encore haut de gamme il est vrai) peuvent désormais gérer les embouteillages sans intervention humaine. Outre la sécurité augmentée (rappelons-nous que 90% des accidents ont pour origine une erreur humaine!), le facteur stress et une meilleure gestion des files sont les atouts offerts par ces technologies.

Pour ce qui est du niveau 5 et des véhicules 100% autonomes, l'avenir immédiat devrait voir se développer les navettes, bus et autres véhicules collectifs se développer. Ces derniers évoluent sur des parcours prédéterminés et le plus souvent en site propre, ce qui évite les tracas liés à la circulation de tous les autres véhicules. On pense à des navettes d'aéroport, en ville (comme De Lijin à Malines) ou des parcs d'attractions comme les grottes de Han. Toutes ces expériences nourrissent les développements futurs en vue de généraliser la conduite 100% autonome. Même si nous en sommes encore bien loin.

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Une Lexus de ce type roule depuis plusieurs années dans Bruxelles et aux alentours, mais toujours avec un conducteur à bord.


Technologies parfois dépassées

C'est un fait, toutes ces technologies sont remarquables, progressent et s'intègrent de mieux en mieux dans l'univers de l'automobiliste au quotidien. Un bémol toutefois à la voiture autonome: lors de nos multiples essais, il faut admettre aussi quelques limites et défauts. Ainsi :

  • Les conditions météo, une pluie abondante surtout, peut masquer les capteurs des radars et rendre inopérants ces systèmes. Une alarme retentit pour vous inciter à reprendre l’entièreté des commandes et d'augmenter votre vigilance.
  • Les alarmes multiples et variées. Par exemple, l’alerte "vigilance / endormissement" qui sonne dès que vous quittez la route des yeux, pour régler la radio par exemple. C'est bien dans l'esprit mais quand le système est mal ajusté et multiplie les alertes, ça donne juste l'envie de le couper (ce qui est encore possible aujourd'hui).
  • Les panneaux de signalisation de vitesse peuvent induire le système en erreur. Exemple : une bifurcation, une sortie d'autoroute marquée "70" alors que vous êtes sur la voie principale d'une autoroute, donc limitée à 120... Il se peut que la caméra embarquée prenne en compte le 70, l'alarme retentit et, suivant l'équipement utilisé, peut même ralentir la voiture. Au minimum ennuyant, éventuellement dangereux si l'auto freine brusquement en plein trafic.
  • Le marquage au sol, les obstacles sur la route. Ce sont autant d'éléments que les caméras/radars embarqués interprètent parfois mal. Avec, à la clé, des freinages ou des coups de volant intempestifs. Phénomènes fréquemment vécus par les automobilistes qui disposent de plus en plus souvent de ces technologies (maintien de voie, correction de trajectoire, freinage automatique,...).
Tellement de facteurs entrent en ligne de compte pour gérer au mieux le flot de circulation.


La fiabilité, les responsabilités les assurances, les clés du devenir

C'est entendu, la technologie est au point et s'améliore chaque année un peu plus. Alors, pourquoi pas une avalanche de voitures autonomes demain ? D'abord pour une question de coûts car ces outils, hors ceux déjà obligatoires et produits en masse, font grimper le prix des voitures. Et si cela s'ajoute à l'électrification du parc, ça va coincer pour un grand nombre d'automobilistes.

Mais il y a aussi et surtout des questions de responsabilités et d'assurabilité. Quid de la défaillance (qu'on ne bannira jamais à 100%) d'une auto 100% autonome lors d'un accident ? Plus encore s'il en résulte morts et blessés... Il faut donc un cadre légal strict mais les États, singulièrement en Europe, paraissent frileux sur ces sujets. Reste alors la question des assurances. Qui sera responsable entre un véhicule autonome, une auto "classique", un piéton ou un cycliste ? Là encore, le chantier est colossal pour que chacun puisse défendre ses intérêts.