Escroquerie sur les routes d'Espagne

Voici le récit de Jan Becaus, homme politique flamand et ex-présentateur à la VRT, qui a failli être victime d’un nouveau type de voleurs de grand chemin. " Voici ce qui nous est arrivé à ma famille et à moi, le dimanche 3 juillet, sur l’AP7 près de Barcelone ".

"Nous revenons de vacances en Espagne. Juste après Barcelone - mais encore sur une portion de l’autoroute AP7 sans péage -, nous entendons tout à coup un violent coup sourd, comme si un grand objet dur avait heurté la voiture. Immédiatement, une Mercedes arrive à notre hauteur, un homme gesticule à la vitre et nous indique qu’il y a un problème au véhicule. Il nous fait signe de le suivre et ma première réaction est d’obtempérer.

Pirates de la route

La Mercedes nous précède, feux de détresse allumés, et commence à rouler sur la bande d’arrêt d’urgence. Je ralentis et, à ce moment-là, ma femme crie: ne t’arrête pas, c’est un braquage! Elle avait lu un jour et s’en est heureusement souvenue que des pirates de la route procédaient de cette manière dans les environs de Barcelone.

À présent, la Mercedes roule tout à fait sur la bande d’arrêt d’urgence, je la dépasse et accélère. Quelques secondes plus tard, les pirates nous rattrapent. L’homme à la fenêtre semble furieux. Il fait de grands gestes comme si ma voiture allait tomber en morceaux d’un instant à l’autre. Mais rien n’indique qu’il y a un problème à la Volvo. Pas de voyant allumé sur le tableau de bord, pas de bruit bizarre, pas de vibrations, tout est normal. Entre-temps, nous approchons d’une sortie. La Mercedes quitte l’autoroute sans insister.

Alors que je continue à rouler, je jette un coup d’œil au conducteur: un homme jeune, aussi bien habillé que le passager un peu plus âgé assis à côté de lui. L’incident n’a duré en tout et pour tout qu’une minute et demie, peut-être moins. Nous sommes sous le coup de l’émotion. Nous nous rendons compte que nous l’avons échappé belle, mais nous ne nous posons pas encore de questions. Les spéculations viendront plus tard, quand l’adrénaline sera retombée.

Lancée à l'aide d'une catapulte

Notre premier souci, c’est la voiture: elle est abîmée, c’est certain, mais à quel point? Une bosse, une griffe, un feu arrière cassé? Le poste de péage se trouve un peu plus loin, mais nous décidons de ne pas sortir pour évaluer les dégâts. Nous voulons quitter le plus vite possible les environs de Barcelone. Quelques heures plus tard, nous arrivons à notre lieu d’étape et nous examinons pour la première fois l’arrière de notre break. On aperçoit clairement l’impact d’un objet sur le hayon arrière, probablement une pierre, ou peut-être un morceau de fer ou une bille lancée à l’aide d’une catapulte.

Nous avons de la chance: les dégâts sont moins graves que ce que nous craignions. Mais nous sommes conscients que la réparation atteindra facilement quelques centaines d’euros. Nous avons eu largement le temps de reconstituer l’incident et tirons les conclusions suivantes :

•  Les pirates de la route opèrent sur une portion d’autoroute sans péage. Ils évitent ainsi que leur voiture et eux-mêmes ne soient filmés par les caméras de surveillance du poste de péage. En outre, cela coûte moins cher aux voleurs!
•  Leur modus operandi est simple: effrayer la victime en lançant un objet contre sa voiture. Lui faire croire ensuite que celle-ci est sérieusement abîmée et qu’elle doit quitter l’autoroute de toute urgence. Pour convaincre l’automobiliste, un peu de cinéma ne leur fait pas peur: gesticulations, cris...
• S’ils ratent leur coup, ils prennent la poudre d’escampette par la première sortie, en général toute proche. Ce qui aurait pu nous arriver restera un mystère. Les auteurs s’intéressaient-ils à la voiture, au contenu, à l’argent et aux cartes bancaires? Je l’ignore. Mais ce que je sais, c’est que le vol de grand chemin existe en 2011, et qui plus est, dans un pays de l’Union européenne. Les voyageurs qui se rendent en Espagne sont prévenus. En attendant, nous prendrons nos précautions: avoir toujours un appareil photo prêt à l’emploi, le numéro de téléphone de la police sous la main, et ne jamais nous arrêter dans un cas pareil.