Parmi les critères de choix des automobilistes qui voudraient passer à l'électrique, le prix constitue sans doute le frein le plus important. Mais alors, pourquoi ne pas envisager l’achat d’une voiture électrique d’occasion? Bonne ou mauvaise idée? Comme d’habitude dans cette chronique "Info/Intox", nous procédons par des affirmations que nous démontons... ou pas!
Une voiture électrique d’occasion, ce n’est vraiment pas pour moi
Et pourquoi pas? Car il s’agit avant tout de bien analyser ses besoins en mobilité. Et d’établir deux colonnes avec les éléments "pour" et les "contre". Notre but ici n’est pas de convaincre les plus réfractaires. Ceux-là auront tous les arguments du monde pour ne pas vouloir franchir le pas. Mais, si vous avez l’esprit assez ouvert et une autre envie de mobilité, vous pourriez être convaincu par ce choix rendu accessible par le budget moindre d’un véhicule d’occasion.
Du côté des aspects qui pourraient freiner, pointons l’absence de solution de recharge à la maison et /ou sur votre lieu de travail. Car cela signifie que vous devrez vous déplacer et, souvent, payer plus cher les recharges. Autre point rédhibitoire: vous effectuez de grandes distances au quotidien. Les véhicules d’occasion abordables pour un particulier ne vous permettront pas de dépasser les 200-250 km d’une traite. Encore moins si ce n’est que de l’autoroute. Et plus votre budget est serré, plus cette autonomie sera limitée.
Voilà, ce sont, pour nous, les deux seuls éléments qui pourraient freiner vos ardeurs. Car, pour le reste, si vous voulez rouler en silence, sans rejets nocifs, dans une voiture confortable, qui ne vous coûtera (presque) rien en taxes et qui, si vous rechargez chez vous, fera chuter drastiquement votre facture d’énergie... Bien sûr, il reste l’épineuse question du budget pour acheter un véhicule électrique même s’il est d’occasion. Pourtant, ici aussi, il convient d’évaluer plusieurs aspects de ce problème. Voyons cela...

Une voiture électrique en occasion, c’est impayable
Absolument pas. Mais, comme pour tout ce qui touche aux véhicules d’occasion, la nuance est de mise. C’est ici qu’intervient la notion du budget et des besoins. Commençons par le budget. Nous avons effectué quelques recherches sur plusieurs sites de véhicules d’occasion en fonction de budgets fictifs. Voyez les tableaux en fin de cet article. De 10.000 à 50.000 euros, l’offre est importante. Si l’on enlève les quadricycles - type Citroën Ami, Renault Twizy - les premiers véhicules électriques (VE) débutent même à 4-5.000 euros.
Pour ce prix, n’espérez évidemment pas de prestations exceptionnelles ! Pour autant, vous pourrez trouver des véhicules d’une dizaine d’années avec de petites batteries capables de parcourir une centaine de kilomètres. Si vous n’effectuez que très peu de kilomètres par jour et qu’il s’agit d’une voiture de dépannage (2e ou 3e voiture du ménage), voilà une alternative. Le genre de voitures pratiques qui ne vous coûteront quasiment rien à l’usage! Mais si votre attente se situe dans un véhicule plus récent, avec moins de kilomètres au compteur et une autonomie qui dépasse les 200 km (réels)... Alors vos recherches débuteront aux alentours des 20.000 euros. Encore une fois, c’est bien la taille de la batterie qui va, essentiellement, déterminer à la fois l’autonomie disponible et... le prix demandé.

Acheter un VE d’occasion c’est la même chose que d’acheter véhicule thermique
Vrai et faux à la fois. Ainsi, il est évident que l’état de la carrosserie, l’habitacle, les accessoires, la suspension, les freins, les pneus et bien d’autres choses encore sont autant d’éléments qui sont communs aux deux catégories. Exigez toujours le Car Pass attestant du kilométrage du véhicule et de la succession des passages au contrôle technique. Ce ne sont que quelques-uns des conseils parmi tous ceux que vous pourrez retrouver sur notre site web. Mais bien sûr, si vous optez pour un véhicule électrique, la grande différence sera liée à la batterie. A son état, à sa capacité (et donc l’autonomie) et à sa vitesse de rechargement. Autant de points que nous abordons ci-dessous.
La batterie doit être vérifiée, validée et garantie
Oui, et c’est un élément fondamental. Lorsqu’on achète une voiture électrique (neuve ou d’occasion), deux garanties s’appliquent. La première couvre le véhicule (2 ans minimum) et la seconde concerne uniquement la batterie. Cette dernière représente 1/3, voire plus, du coût final de la voiture. Bref, dans la majorité des cas, cette garantie spécifique s’étale généralement sur 8 ans ou 160.000 km au premier des deux termes échus. Les conditions et motifs d’exclusion varient d’un constructeur à l’autre. Dès lors, il ne faut pas hésiter à les consulter avant l'achat. Durant cette période, la batterie est réparée ou remplacée en cas de panne causée par un défaut de conception ou de fabrication.
Reste la nuance importante de ce que l’on nomme la dégradation "au fil du temps" (exprimée en pourcentage). Attention, car cette valeur est plafonnée, et cela varie, ici aussi, d’une marque à l’autre. En moyenne on parle de 70% de sa capacité. On note parfois des écarts allant de 60 à 75% en fonction des marques. Bref, pour pouvoir bénéficier de la garantie, il faut que la mesure se situe sous ce seuil. Sinon, le constructeur refusera toute intervention.
C’est là qu’intervient la notion de la mesure de la capacité de la batterie ou "état de santé" (SOH, state of health en anglais). Tous les garagistes/concessionnaires qui vendent des véhicules électriques doivent être en mesure de vous fournir ces données. C’est le cas par exemple du réseau Touring CarSelect récemment apparu sur le marché (voir encadré). Notez enfin que les kits de mesure vendus sur internet ne sont, pour la plupart, pas fiables, mieux vaut passer chez un spécialiste.

Les VE d’occasion de plus de 10 ans sont à proscrire
Tout dépend de l’usage que l’on compte en faire. Mais il est clair que des VE âgés, même avec un faible kilométrage, seront moins performants. D’abord parce que la batterie se dégrade même sans rouler/recharger. Ensuite parce que les technologies avancent si vite que les plus anciens VE sont bien moins performants (surtout en termes d’autonomie) que les plus récents. Ceci n’empêche pas, pour quelqu’un qui fait peu de kilomètres de s’intéresser à ce genre de produit. Ici encore, assurez-vous de la capacité restante de la batterie et calculez ainsi l’autonomie réelle que vous pourrez escompter. Prenons un exemple. Si le véhicule convoité avait (neuf) une autonomie annoncée de 200 km (WLTP), et que la batterie affiche encore 75% de sa capacité, cela veut dire que vous disposerez de +/-150 km d’autonomie... En parcours mixte et une centaine, environ, sur autoroute.
On ne peut pas obtenir de primes pour un VE d’occasion
Faux, pour les néerlandophones et ce jusqu’à la fin de cette année. Vrai pour les autres. À l’heure d’écrire ces lignes, les particuliers, en Flandre, peuvent toujours demander une prime à l’achat d’une voiture électrique d’occasion. Et si le montant est de 5.000 euros pour un véhicule neuf (d’une valeur maximale facturée de 40.000 euros), il s’agit de 3.000 euros pour une occasion avec une valeur de 60.000 euros. Ce prix est bien celui du catalogue initial (c’est-à-dire en neuf à l’époque).
Attention toutefois ! Cette prime pourrait bien disparaître plus rapidement que prévu: d'abord prévue jusqu’en 2026, elle aujourd’hui limitée au 22 novembre 2024, car les partis du Gouvernement flamand paraissent plutôt opposés à cette mesure. Ajoutons encore qu’il n’y a pas de primes en Wallonie et à Bruxelles. Enfin, pour les taxes de mise en circulation et de circulation annuelle, vous ne paierez rien en Flandre. Par contre, en Wallonie et à Bruxelles, cela coûte respectivement 61,50 euros et 100,98 euros.

Conclusion
Le marché de masse du véhicule électrique neuf ne remonte pas à plus d’une dizaine d’années et est en constante évolution. De plus en plus de modèles sont disponibles et les technologies progressent à vitesse grand V. Forcément, le marché de l’occasion des VE doit encore atteindre une certaine maturité. L’offre s’étoffe, la qualité des voitures aussi, surtout depuis que les compagnies se débarrassent de leurs stocks issus du leasing.
Opter, en tant que particulier, pour une voiture électrique d’occasion, c’est donc bien plus un état d’esprit. Celui de vouloir rouler différemment plutôt que le fruit d’un simple calcul de rentabilité. Mais, pour éviter toute mauvaise surprise, adressez-vous prioritairement à des enseignes professionnelles qui pourront prouver l’état satisfaisant de la batterie et vous offrir les garanties qui vont avec.

Touring CarSelect, occasions en or
En avril dernier, Touring a présenté Touring CarSelect. Il s’agit d’une plateforme de vente en ligne de voitures d'occasion et de stock, en collaboration avec l'assureur AG Insurances et BNP Paribas Fortis. Partant des constats que 60% des ventes de voitures en Belgique concernent des occasions et que 3 acheteurs sur 4 passent par des professionnels, ce nouveau service tombe à point nommé. En effet, dans le réseau Touring CarSelect, seuls des vendeurs reconnus peuvent proposer des véhicules, selon certaines conditions.

Ils doivent notamment signer une charte et se soumettre à des contrôles réguliers de la part de Touring. Les voitures proposées ne pourront pas avoir plus de 5 ans et afficher plus de 150.000 kilomètres au compteur. Parmi toutes celles-ci, la part d’électriques est encore marginale (+/- 10% en 100% électrique, 25% si l’on y ajoute les hybrides), mais les chiffres le prouvent, l’offre augmente chaque mois un peu plus. Qui plus est, avec Touring CarSelect, vous bénéficierez de conseils indépendants, de solutions de financement, d’assurance, d’assistance ainsi que d’autres services complémentaires.
Et pourquoi pas en neuf finalement?
Avec un budget serré (- de 25-30.000 euros), le choix est plutôt limité pour une voiture électrique neuve. La majorité des offres sont supérieures à cette somme (avant remises) et encore, ce sont souvent des citadines. En attendant la Citroën e-C3, la moins chère de ces voitures électriques neuves est la Dacia Spring (à partir de 16.990 euros).

Évidemment, à ce tarif-là nous ne sommes pas dans le haut de gamme, les performances sont limitées et l'autonomie ne dépassera pas les 200 km réels. Pour plus de prestations, vous pourriez aussi envisager le leasing privé. Certes plus onéreuse qu’un financement classique, la formule a l’avantage de vous permettre d’accéder au niveau supérieur en termes d’habitabilité, de batterie et donc d’autonomie. Attention toutefois aux contraintes liées à ce type de financement. En effet, des kilométrages annuels relativement limités (10-15.000/an) et les frais éventuels de remise en état en fin de contrat.
Tableaux comparatifs
Les deux tableaux qui suivent représentent une compilation de ce que l’on peut trouver sur les sites de petites annonces de véhicules d’occasion. Cela vous donne une idée de ce que vous pourriez acquérir, pour un budget donné. Soit en électrique, soit en thermique. Ici on n’évoque que le prix d’achat. Pas les coûts d’usages (entretien, consommations,...) ni les taxes. Sachant que pour ce dernier critère, un gros moteur thermique sera bien plus lourdement taxé qu’un électrique.
Le premier tableau considère des véhicules avec, au plus, 50.000 à 70.000 km au compteur. Il donne un aperçu de ce que vous pourriez convoiter pour un budget donné.
Le deuxième tableau suivant étend la recherche avec, comme critère, un kilométrage de 100.000 km au maximum.