Les zones 30 discréditent la politique en matière de limitation de vitesse

La mise en œuvre des zones 30 a mobilisé beaucoup d’énergie dans les grandes villes ces derniers temps. Touring plaide en leur faveur… Aux endroits où elles sont nécessaires. Voilà qui mérite quelques précisions.

Soyons clairs: Touring fut en son temps un ardent défenseur de l’aménagement de zones 30 aux abords des écoles. Parce qu’une vitesse réduite y prend tout son sens et se justifie pleinement. Il est important, en effet, de porter un regard critique sur la fonction de la route, le paysage routier et l’aménagement pour déterminer une limitation de vitesse.

Sur les voies principales et les échangeurs, par exemple, les limitations de 50 ou 70 km/heure devraient rester d’application. À défaut, c’est la crédibilité de la politique en matière de limitation de vitesse qui est en jeu. Au risque de perdre la confiance des automobilistes.

Certains conducteurs finissent par ne plus respecter les limitations réduites aux endroits où elles se justifient le plus. Ainsi est-il pour le moins discutable d’instaurer une limite de 50 km/h sur une voie à 2x2 bandes avec berme centrale, hors agglomération et en l’absence ou presque de trafic mixte.

Parallèlement, on observe dans notre pays des exemples où il est autorisé de circuler à 70 km/h sur une voie à une bande dans chaque direction, sans berme centrale, longeant des habitations et empruntée par tous types de véhicules sans piste cyclable distincte.

Ces endroits méritent également une réévaluation: ne serait-il pas plus sûr d’y limiter la vitesse à 50 km/h? Bien sûr, il est difficile de faire la comparaison avec d’autres pays ou des villes étrangères. Chaque pays connaît des spécificités en matière d’infrastructure et de densité de circulation, et tient compte de nombreux autres facteurs.

Soulignons toutefois que les pays scandinaves appliquent généralement ladite “règle 85”. Concrètement, la limitation de vitesse y est définie sur la base de la vitesse de 85 % des conducteurs.

La plupart des gens adaptent en effet leur vitesse à la situation, ce qui se traduit par un nombre très limité d’infractions. Touring plaide aussi résolument pour des limitations de vitesse flexibles et adaptées aux circonstances, en fonction du lieu, du moment, de la météo et du trafic.

Les moyens techniques à mettre en œuvre pour ce type de système dynamique n’ont rien de neuf! Mais cela ne veut évidemment pas dire que l’on délivre un sauf-conduit aux fous du volant. Contrôle et respect restent d’absolue nécessité. Les systèmes de radars-tronçons peuvent jouer un rôle majeur à cet égard, car les usagers de la route les considèrent comme plus équitables que les radars fixes ou mobiles.

Par ailleurs, on peut aussi amener les conducteurs à réduire leur vitesse à l’aide de ralentisseurs et autres mesures d’aménagement. À condition que cela ne provoque pas d’embouteillages là où il n’y en avait pas auparavant.