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L'autonomie revendiquée par les véhicules électriques est toujours trop optimiste. Mais cela ne devrait pas vous dissuader d'opter pour ce type de véhicule.

Parmi les critères d'achat d’un véhicule électrique, trois grands facteurs semblent freiner l'automobiliste. En particulier l'autonomie limitée. Qu'en est-il réellement? Si beaucoup de préjugés peuvent être écartés, des progrès restent à accomplir, c'est sûr!

Autonomie
La recharge et l’autonomie, des questionnements pour celles/ceux qui envisagent de passer à l’électrique !


Le prix, la recharge et l'autonomie, voilà le trio gagnant des arguments négatifs qu'avancent les automobilistes lorsqu'on leur demande ce qui les retient de passer à la mobilité électrique. Les prix et la recharge, nous en avons déjà discuté lors de précédents articles. Surfez sur www.touring.be pour en savoir plus.

Nous nous intéressons ici à l'autonomie. Les VE vendus de nos jours promettent des distances variant de 150 à plus de 750 km suivant la taille des batteries. Mais il faut avouer qu'il s'agit de kilométrages théoriques et nous verrons qu'ils sont sujets à caution.


800 km d’autonomie? Oui mais...

En outre, les marques qui promettent plus de 500 km sont celles qui fournissent des batteries de 80 kWh et plus, ce qui fait littéralement exploser le prix de ces autos! À titre d'exemple, une Mercedes EQS (limousine grand luxe) 450+ affiche près de 800 km (selon la norme WLTP) parce que sa batterie compte 108 kWh de capacité… Une voiture qui coûte tout de même la bagatelle de 105.000 euros, pour le modèle de base!

À l'autre bout du spectre, la moins chère des VE sur notre marché s'affiche à 21.000 euros. Il s'agit de la Dacia Spring qui, avec sa batterie de 26,8 kWh, offre jusqu'à 227 km selon son constructeur. Une parenthèse pour vous inviter à visiter le site de Dacia Belgique. Vous y trouverez un amusant logiciel permettant de calculer l'autonomie de cette auto en fonction de la vitesse, des conditions météo, de l'utilisation du chauffage, etc. Si vous êtes un rien vicieux en inscrivant 110 km/h et 0 degré niveau météo, chauffage allumé, vous obtiendrez… 75 km d'autonomie! ça a au moins le mérite de la franchise.


Les facteurs d'influence

De la franchise, disons qu'il en faudrait un peu plus - du côté des constructeurs - quand il s'agit de donner les chiffres de consommation réels. Nous le constatons, essais après essais. Contrairement aux véhicules "thermiques" qui, parfois, consomment bien moins que les chiffres annoncés, ceci n'arrive pratiquement jamais dans l'univers de l'électrique. En tout cas dans des conditions normales de circulation. La consommation dépend évidemment de nombreux facteurs...

Le premier et essentiel est la capacité de la batterie en lien avec la consommation aux 100 kilomètres. Comme les deux exemples "extrêmes" cités au début de cet article. Tout dépend donc du type de véhicule, de son poids, de sa puissance et… de la manière de conduire! Prenons un exemple théorique avec des chiffres arrondis pour une meilleure compréhension. Un VE dispose d'une batterie de 60 kWh (58 en puissance utile). L'auto consomme, selon le constructeur, 18 kWh/100 km. Il suffit de diviser 58/18, ce qui donne +/- 320 km d'autonomie. Mais ça, c'est en théorie.

En réalité, n'espérez pas plus de 250 à 280 km même avec une vitesse constante (pas trop élevée), une température "idéale" située entre 10 et 20 degrés et un profil de route plutôt plat… Par temps froid, ce sera déjà une tout autre chanson.

Le froid - mais également la chaleur extrême - ennemis des batteries...


Jusqu'à 33% de pertes

Pour s'en convaincre, il suffit de lire les résultats de deux articles récents de confrères. Le premier c'est le magazine britannique "WhatCar?" qui a mis à l'épreuve, pendant la période hivernale, une douzaine de VE. Résultat, personne n'égale les valeurs théoriques annoncées. Les écarts vont de 16%, pour la plus performante, à près de 33% en moins pour la plus impactée. Ils rapportent ainsi que 3 modèles essayés l'été dernier (à des températures entre 24 et 29 degrés) ont perdu, en moyenne, 18% d'autonomie par rapport à ce test hivernal.

Autre exemple frappant avec les tests entrepris par le magazine des consommateurs français "UFC-Que Choisir". Nous publions ce tableau à la toute fin de cet article. Ici, 20 modèles - tous vendus chez nous - avec des écarts proches de ceux constatés par les Anglais: jusqu'à 33% de perte en autonomie! La plus efficiente, en l'occurrence la Hyundai Kona, ne perd "que" 10% à l'issue de ces épreuves. Reste un autre souci relevé par le magazine: le temps pour recharger les batteries. Là encore, les constructeurs se montrent trop optimistes. En effet, ils nous annoncent 20 ou 30 minutes pour remplir les batteries (sur une prise rapide)…

Autonomie
Jusqu’à 1/3 d’autonomie en moins, cela freinera forcément les “gros rouleurs” !


Comment gagner en autonomie?

À l'image de la consommation de carburant d’un véhicule thermique, l’autonomie d’un VE dépend de nombreux facteurs mais, le plus important, c'est bien la façon de conduire!

Adopter une conduite sportive et/ou rouler au-delà du 120-130 km/h sur l'autoroute sont des éléments qui peuvent diviser par 2 l'autonomie! L'autoroute est d'ailleurs l'endroit où la VE consommera le plus à cause de la résistance aérodynamique. À l'inverse, en ville, grâce aux phases de ralentissement qui assurent de la récupération d’énergie et à la vitesse moindre, les kilomètres s'enchaîneront sans (trop) perdre d'autonomie. La montagne sera aussi un terrain défavorable au contraire des reliefs plats mais, plus encore, ce sont les températures extérieures qui grignoteront les réserves, comme le montrent les chiffres de l'enquête de "WhatCar?".

Bien sûr les gros consommateurs d'énergie comme la climatisation, le chauffage et les sièges chauffants influent directement sur l’autonomie de la batterie. Enfin, le choix de la transmission de votre VE peut faire varier l'autonomie. En effet, une "4 roues motrices" - donc au moins deux moteurs au lieu d'un seul - sera plus lourde et (souvent) plus puissante qu'une simple "2x2". Ce qui engendrera une hausse de consommation pouvant atteindre 20%! Avez-vous vraiment besoin d'une "4x4" électrique?

Une voiture électrique équipée de 2 moteurs sera plus performante... mais aussi bien plus gourmande!


Surestimation de ses besoins

Nous l'avons dit, les nouvelles générations de voitures électriques garantissent de 200 à 400 km d'autonomie réelle. En somme, largement assez pour nos trajets au quotidien. En effet, hormis les vacances ou quelques petites virées, qui parcourt régulièrement plus de 200 km par jour? Une récente enquête de l'ASBL "Car Pass" a montré que le Belge parcourt environ 15-16.000 km par an. Et les particuliers moins que les possesseurs de véhicules de société. Tout de même, ce kilométrage relativement faible corrobore cette surestimation de l'autonomie nécessaire. Et pour les longs déplacements, les vacances? De plus en plus de constructeurs, surtout dans les offres de leasing, proposent un véhicule de remplacement pour quelques jours ou semaines par an. Une nouvelle façon de consommer l'auto en quelque sorte.


Conclusion

Si nous nous concentrons sur le problème lié à l'autonomie, nous voyons bien que nous sommes un peu trop craintifs quant au risque d'une "panne sèche". Alors oui, les autonomies annoncées par les constructeurs sont bien trop optimistes. Il faudrait, à ce niveau, que les normes (WLTP) soient durcies pour afficher les valeurs réelles et que l'automobiliste ne se sente plus dupé. Mais il faudrait aussi que les constructeurs pensent plus en termes d'efficacité que de puissance.

Donc, en allégeant les véhicules et en privilégiant les berlines plutôt que les gros SUV. Les bons exemples existent comme la Renault Megane E-Tech ou encore la récente MG4 (testée page 78), avec un poids contenu, une batterie "moyenne" pour une autonomie tournant autour des 300 km réels. Restera alors à faire baisser le prix de ces (chères) VE et à multiplier les points de charge pour assurer un avenir durable à la mobilité électrique.


Touring teste des véhicules utilitaires électriques

Comme beaucoup d'autres entreprises, Touring souhaite participer au verdissement de sa flotte de véhicules. C'est ainsi que, depuis plusieurs mois, des tests sont effectués pour évaluer de futurs utilitaires électriques. Après quelques mois sur la route, Patrick Van Staen, Road Side Assistance Manager de Touring, nous livre une première analyse prudente. "Notre premier véhicule d’intervention électrique, un Peugeot Expert de 75 kWh, est opérationnel depuis presque un an. Nous avons donc ainsi une idée de son comportement dans des conditions hivernales et estivales. Nous avons choisi d’utiliser ce véhicule à Bruxelles, car ça ne nécessitait qu’une autonomie limitée.

Il est encore prématuré de tirer une conclusion définitive, mais il faut reconnaître que les températures basses (en hiver) impactent fortement l'autonomie. C'est d'autant plus vrai qu'un patrouilleur emporte plus de 800 kg de matériel avec lui et que cela contribue à une consommation plus importante que la normale. Bref, nous dit encore Patrick : à ce stade, le véhicule électrique ne s’avère pas idéal pour nos interventions. Pour l'heure, aucun véhicule d’une capacité supérieure à 75 kWh n’est disponible sur le marché. Nous suivons donc la situation de près, car le verdissement de notre flotte demeure un objectif primordial."


Un petit coup de boost?

La crainte principale des conducteurs de voitures électriques, c’est donc la panne sèche. Si vous n’avez plus d’autonomie, faire l’appoint n’est pas aussi simple qu’avec une voiture thermique. Grâce à des appareils appelés "boosters", Touring apporte une réponse à cette problématique. Les ‘boosters’ permettent de donner un petit coup de boost aux batteries des véhicules électriques pour leur permettre de rejoindre la borne la plus proche. Ces appareils sont ainsi capables de recharger à raison d’un kilomètre d’autonomie à la minute. De quoi lever les dernières craintes des conducteurs qui étaient encore réticents d’opter pour une voiture électrique.

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